Difficile de croire que cette carte postale a été prise dans l’actuelle rue du Retrait. L’ambiance champêtre laisse aujourd’hui place à un paysage urbain largement bétonné. Mais il reste des raisons de s’émerveiller : la culture n’a pas complètement quitté les lieux.

Derrière le nom énigmatique de cette rue se cache le passé agricole du quartier de Ménilmontant. Autrefois, simple hameau, il abritait de nombreux domaines viticoles jusque dans la seconde moitié du 19e siècle. À l’emplacement actuel de la rue du retrait se trouvait le vignoble du Ratrait dont le nom a évolué au fil du temps pour devenir celui qu’on connaît aujourd’hui en 1877. Lors d’une promenade dans le 20e arrondissement, vous trouverez d’autres vestiges de cette histoire viticole avec la rue des Vignoles (déformation de vignobles) et les quelques vignes plantées dans le Parc de Belleville qui donnent lieu à des vendanges participatives annuelles !

Depuis 2001, l’Association Le Ratrait a orchestré la réalisation de fresques de street-art, désormais caractéristiques de la rue du Retrait, ainsi que sa végétalisation. Un projet soutenu par la mairie du 20e qui en a fait la première rue végétale du 20e arrondissement. Un retour aux sources pour cet axe urbain autrefois lieu de culture. En plus des vignes, la rue abritait aussi un ruisseau qui a été canalisé dès le 16e siècle en vue d’assainir la ville. Le cours d’eau est complètement asséché lors du Second Empire, mais l’arrondissement en garde une trace avec le passage du Ruisseau de Ménilmontant

S’il est impossible d’arpenter le Ménilmontant pastoral d’autrefois, il est toujours possible d’apprécier la nature sous forme de fresques aux motifs végétaux. Des street-artistes emblématiques du quartier, comme Némo et Jérôme Mesnager, ont orné les murs d’immeubles d’habitation de longues tiges, fleurs et feuilles bigarrées. 

L’art urbain n’est pas le seul à posséder une place de choix rue du retrait. La culture des vignes a laissé place à l’art dramatique. Le théâtre de Ménilmontant tout proche offrait une programmation qui cherchait à mettre en valeur les arts populaires. Sa fermeture en 2018 a provoqué la colère de nombreux manifestants. Aujourd’hui, encore on peut néanmoins admirer sa superbe façade colorée signée des peintres Pascale Convert, Sabine Martin-Ragoucy et Guy Hakim.

Mathilde Gay

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