Comme la rue du Cambodge toute proche, la rue de la Chine porte un patronyme en référence au continent asiatique. Si la première tire son nom du passé colonial français, pour la deuxième, l’histoire est plus mystérieuse

 

La rue de la Chine porte son nom depuis le début du XIXe siècle. Il trouverait son origine dans la présence d’un pavillon chinois, aujourd’hui disparu, à l’angle de la rue Ménilmontant. Mais, d’après cet article, l’historien de Belleville Emmanuel Jacomin relativise cette théorie dans son livre Belleville, mon village : “Selon certains auteurs, la rue de la Chine tiendrait son nom d’un pavillon de style chinois, édifié à l’angle de la rue de Ménilmontant ; d’autres prétendent que la rue était ainsi nommée car de nombreux « chineurs » y étaient installés. Mais ces assertions aussi séduisantes que contradictoires, ne reposent sur aucun fondement sérieux.”

En regardant cette carte postale ancienne représentant le croisement de la rue Orfila et de la rue de la Chine, la différence la plus frappante, ce sont les voitures. Absentes au début du 20e siècle (on voit même un cheval traverser tout au loin), elles sont présentes en deux files de stationnement sur le cliché actuel. On constate aussi que la vie de quartier a gardé certaines traces du passé. L’image colorisée donne à voir des rues faites de commerces et d’immeubles en briques rouges typiques du style post-haussmannien (que l’on peut toujours admirer).

Le restaurant visible à l’angle à gauche est aujourd’hui encore un lieu de gastronomie avec Ohinéné qui propose de la cuisine ivoirienne. À droite, la devanture vert bouteille d’une épicerie est étonnante de similitude avec celle présente aujourd’hui, les inscriptions en moins. Autrefois à cheval sur Belleville et Charonne, la rue de la Chine intègre la capitale officiellement en 1861, lors de l’annexion de ces communes limitrophes. Aujourd’hui, la rue accueille au numéro 4 l’hôpital Tenon, le plus important centre hospitalier de l’arrondissement qui dépend de l’Assistance-Publique Hôpitaux de Paris (APHP).

Il s’agit du lieu de naissance de la chanteuse Edith Piaf qui passera une partie de sa vie dans le quartier. La môme s’est d’ailleurs établie un temps au 105 rue Orfila avec son premier compagnon Louis Dupont durant les années 30. Une place au nom de l’artiste a été inaugurée en 2003 à l’angle de la rue Belgrand et de la rue de la Py. Vous pourrez y retrouver un marché qui a lieu chaque mercredi et samedi matin.

Reste-t-il un peu de Chine, rue de la Chine ? Si le pavillon n’existe plus, on trouve encore quelques éléments qui donnent à la rue de bonnes raisons de porter son nom. Au numéro 24, le centre de bien-être Eukolia propose des séances de médecine chinoise (acupuncture). Mais surtout, on peut déguster des spécialités asiatiques avec le traiteur Chang Sheng, situé à l’angle de la rue de la Chine et de l’avenue Gambetta (au numéro 95). Kāi chī bā ! (*bon appétit)

>> Au croisement de la rue Orfila et de la rue de la Chine.

Mathilde Gay

 

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