Chaque année, le mois de février sonne le début de la mobilisation dans les écoles publiques du 20e arrondissement de Paris. Et pour cause, le rectorat dévoile en cette période les fermetures de classe envisagées pour la rentrée prochaine. Explications.
Quelle est la situation dans le 20e arrondissement ? Comme les années précédentes, le rectorat (la direction des services de l’éducation nationale à l’échelon de l’académie) avance une baisse des effectifs, en lien avec le départ des familles de Paris, pour justifier ces fermetures de classes. Ainsi, 110 suppressions sont annoncées dans les écoles maternelles et élémentaires parisiennes à la rentrée, dont 24 dans le 20e, l’un des arrondissements de Paris les plus touchés. Trois ouvertures sont, elles, prévues dans le 1er degré, dans l’arrondissement. À l’exception de trois écoles, toutes les écoles menacées sont en REP (Réseau d’Education Prioritaire) ou en REP +.
Qu’en pensent les enseignants et les parents d’élèves ? Dans les établissements concernés, le gonflement des effectifs passe mal, tant l’école publique est fragilisée par un manque constant de moyens : absence de remplaçants, d’AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap), de psy et de médecins scolaires, locaux pas toujours bien entretenus. À cela s’ajoute cette année la fin du régime dérogatoire de décharge de direction. Le rectorat a annoncé vouloir progressivement les supprimer. À la rentrée 2025, ce sont essentiellement les départs en retraite qui ne seront pas remplacés par des postes de direction avec décharge totale. Dans le 20e, quatre écoles sont pour le moment concernées. Concrètement, dès la rentrée, chaque directeur.trice pourrait devoir assurer des heures de cours, en plus de ses missions habituelles. Ce qui aurait des conséquences lourdes sur le fonctionnement des écoles.
Co-président de la FCPE 20e (Fédération des conseils de parents d’élèves), Adrien Arrous dénonce “un plan social” dans l’école publique : “Avec une vingtaine de fermetures de classe, alors que l’on constate qu’une centaine d’élèves en moins sur la totalité des niveaux, le différentiel est énorme dans le 20e. Ces fermetures sont faites par souci d’économie, sur des éléments comptables, et pas du tout un souci pédagogique. On constate que cela désorganise grandement les écoles, que cela pose des problèmes pour la composition des classes, et que les enseignants ne sont plus en mesure d’accompagner les élèves les plus en difficultés”.
Quelles écoles sont concernées ? En maternelle : une fermeture de classe dans les écoles Pierre Foncin, Télégraphe, Surmelin, Cendriers. Ecole du clos : 4 fermetures (fermeture de l’école). En élémentaire : une fermeture au 104 Belleville, 20 Le Vau, Levert, Métra, Reisz, 11 Plaine, 9 Plaine, Anne Sylvestre, Julien Lacroix, 293 Pyrénées, La Mare, Planchat, Tourtille, Amandiers. En écoles polyvalentes : une fermeture au 10 Le Vau et aux Tourelles. Les 3 ouvertures de classes : Polyvalente Piat, polyvalente Olivier Metra, Maternelle Pali Kao.
Quelles sont les spécificités de certaines écoles ? Les parents d’élèves de l’école Surmelin alerte sur la particularité de leur école : une classe UEMA (unités d’enseignement maternelle autisme) accueillant 7 enfants autistes depuis 2014. “C’est l’inclusivité qui est menacée avec ce projet de fermeture d’une classe. En faisant monter les effectifs à 30 par classe, cela rendrait très difficile l’inclusion des élèves de l’UEMA dans les classes « classiques », comme c’est le cas quotidiennement au gré des activités”, déplore une parent d’élèves. Dernière école d’application de Paris (où sont formés les enseignants), l’école Fontarabie, a organisé cette semaine un happening pour dénoncer une possible fermeture, et aurait obtenu gain de cause. “A priori, la fermeture qui les visait serait suspendue cette année”, nous apprend Adrien Arrous. Mais la perte du statut d’école d’application les menace encore.
On notera que l’école Pelleport, non concernée pour la rentrée prochaine, lutte elle depuis plusieurs mois pour faire réouvrir une classe fermée à la rentrée dernière. La fermeture de l’école maternelle Clos fait suite à la fermeture de l’école élémentaire voisine rue du Clos en juin 2024. Toutes deux avaient de gros problèmes de bâtis. Une nouvelle école élémentaire a ouvert à la rentrée 2024 boulevard Davout (école Anne Sylvestre) mais elle n’accueille pas d’élève de maternelle. Les élèves de l’école maternelle Clos sont répartis sur les écoles voisines.
Et dans le secondaire alors ? D’après la FCPE, trois collèges (Jean Perrin, Lucie Faure et Colette Besson) sont de nouveau menacés d’une fermeture de classes. Tandis que le lycée Hélène Boucher pourrait perdre une classe de terminale. “Partout, on constate des baisses de DHG, c’est-à-dire du nombre d’heures d’enseignements alloués chaque établissement avec des pertes très sérieuses pour les dispositifs d’inclusion : ULIS (élèves en situation de handicap) et UPE2A (élèves allophones)”, poursuit la fédération de parents d’élèves. Un exemple frappant, illustrant le manque de remplaçant : au collège Pierre Mendès-France, certaines classes de 3e et 4e n’auraient pas eu cours d’anglais l’an dernier, d’octobre à janvier.
Manifestation du mardi 11 février 2025 devant le Rectorat de Paris / Collectif Surmelin 75020
Dans les couloirs de l’école maternelle Pierre Foncin
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