Ce jeudi 8 février, parents, élèves et professeurs d’une dizaine d’écoles situés aux portes du 20e arrondissement se sont mobilisés devant le rectorat de Paris afin d’obtenir le statut REP+ pour leurs écoles.

Dès 9h15 ce jeudi, ils étaient une centaine de parents, enfants, instits, directeur.ices ainsi que la députée Danielle Simonnet rassemblés au 12 boulevard d’Indochine pour réclamer un meilleur accompagnement des enfants de leurs écoles. La pluie et le froid ne les ont pas fait reculer. Casseroles, sifflets, tambourins et slogans scandés au magnétophone, tout était réuni pour faire un maximum de bruit. Des banderoles et pancartes sur lesquelles on pouvait lire “Ne nous demandez pas + sans nous donner la REP+”,  ou “la mixité sociale, c’est vital” accompagnaient la manifestation.

Sur place, Isabelle est venue avec sa fille en petite section de maternelle à l’école Mouraud  : “Je suis là aujourd’hui pour que l’école soit classée en REP+, pour qu’il y ait plus de moyens pour les enfants et les enseignants aussi.”, explique-t-elle. Dans la classe de sa fille, ils sont 23 enfants, dont certains qui ne parlent pas français. Il est parfois aussi compliqué pour les enseignants de transmettre des informations sur la vie de classe à leurs parents : sorties, goûter, grève…

Pour Nicolas Bianco, père d’un garçon en classe de CM1 à l’école Mouraud, qui est amené à se rendre régulièrement dans les écoles, par son travail d’auteur et réalisateur de films pour enfants : “Ce sont des écoles avec des parents qui n’ont pas du tout la possibilité d’accompagner leurs enfants, ils font donc entièrement confiance à l’école. Pour eux, l’école est fondamentale. C’est ce qui va les sortir, éventuellement, de leurs conditions.”, constate-t-il.

Mais alors, qu’est-ce que c’est la REP + ? Le réseau d’éducation prioritaire plus est un statut attribué aux écoles selon les critères sociaux des parents. Il permet notamment l’obtention de plus de moyens financiers, des effectifs réduits dans les classes, des primes pour les enseignants, des temps de concertations des équipes toutes les deux semaines, permettant un suivi personnalisé des élèves, l’étude de projets et les points à améliorer. Selon de récentes études, l’indice de position sociale des parents de ces écoles (Davout, Mouraud, Clos, Maryse Hilsz, Eugène Reisz, Le Vau, Alquier Debrousse, Pierre Foncin entre autres) sont parmi les plus bas de Paris. Pourtant, elles ne bénéficient pas de ce statut, et sont classées REP.

À Belleville, des écoles sont dans le dispositif REP+ alors qu’elles ont un indice de position sociale supérieur aux autres écoles des Portes du 20e.  C’est après ce constat, qu’en octobre, les parents des écoles concernées ont décidé d’agir. En nombre, ils adressent un courrier au rectorat demandant la reclassification des écoles en REP+. De leur côté, les enseignants se mobilisent à leur tour et envoient le même courrier au rectorat. N’ayant pas obtenu de réponse, les parents et enseignants renvoient une nouvelle lettre. Toujours sans réponse, c’est dans ce contexte que certains décident de faire grève et de se réunir devant le rectorat. 

Vers 10h, ce jeudi, huit personnes ont été reçues par Florence Mary, adjointe de la DASEN (Directrice Académique des Services de l’Éducation Nationale). Pendant 1h30, les représentants de parents ont pu présenter leurs données et leurs arguments quant aux reclassifications des écoles en REP+. Présent sur place, Nicolas Bianco, décrit une “réelle et sincère écoute”. Le dossier sera étudié au niveau du rectorat et une commission aura lieu le 15 mars afin de répondre à la demande. Les parents espèrent une décision positive effective dès la rentrée scolaire de septembre 2024.

Laurane Charpentier

 

———————–

À lire aussi :

Éducation : Zoom sur les écoles et collèges REP et REP+ dans le 20e arrondissement

Éducation : 17 fermetures de classes prévues dans les écoles du 20e arrondissement de Paris

Installé depuis 30 ans dans le 20e, un jardin d’enfants franco-allemand aujourd’hui menacé