Située à proximité de la place Edith Piaf, entre Gambetta et la Porte de Bagnolet, cette villa (l’autre nom d’une impasse bordée d’habitations) a embelli grâce aux actions de l’association Le Jardin des Lyanes, créée par ses riverains. On revient sur l’histoire de ce lieu, grâce à Guillaume Le Dû, habitant de la villa, qui nous a donné les infos et les photos nécessaires à cet article.
Remontons le temps. Ancien village de vigneron, Charonne était divisé en deux parties. Le haut Charonne, au nord de la rue de Bagnolet, et le bas Charonne, autour de l’actuelle rue d’Avron. Entre les deux, le château de Bagnolet, construit pour la Duchesse d’Orléans, fille de Louis XIV, se trouvait à cheval sur l’actuel périphérique. Le château est détruit en 1770. Il n’en reste que l’une des trois folies du parc, le pavillon de l’Ermitage. L’actuelle rue des Lyanes se situe au nord du parc du château, au milieu des vignes et des champs.
Avec l’urbanisation, les anciens chemins se transforment en rues et se bordent de maisons. La rue Neuve est l’ancêtre de la rue des Lyanes. Elle apparaît en 1849. En 1856, Charonne compte 12 200 habitants. Les horticulteurs et les maraîchers remplacent les vignerons. Parmi eux, certains cultivent des tulipes aux teintes violettes et blanches nommées les Lyantes.
Quand Charonne est intégré à Paris, en 1860, la rue Neuve a le même nom que celle de la paroisse d’Ivry (actuelle rue de la Maison Blanche dans le 13e) et doit donc être changée. La rue Neuve, sur proposition de M. Lenck, propriétaire dans la rue, devient la rue des Lyantes. Rapidement, et sans explication, le T devient un N. La rue des Lyantes devient la rue des Lyannes. Jusque dans les années 1980 deux orthographes sont utilisées, Lyannes et Lyanes avec un seul N.
Tout le quartier reçoit les eaux des alentours. De nombreux ruisseaux traversent ce territoire. Ils alimentaient la rivière artificielle qui coulait au milieu du parc du château de Bagnolet. Au centre de la rue, à l’actuel n°19, se trouvait le lavoir des Lyannes. Il était aussi accessible par le 22 rue Pelleport. Il disparaîtra vers la fin des années 1970. C’est en 1904 que les ateliers de maintenance de la RATP sont construits. Ils donnent sur la place Edith Piaf où se trouvent encore de grandes écuries pour les tramways.
Avec ces ateliers, l’impasse se constitue. La villa des Lyanes est née. Bordée de petites maisons et d’ateliers, la villa accueille de nombreux immigrés russes après 1917. Après 1945, ce sont des Algériens qui viennent s’installer dans de minuscules hôtels. Au 9 villa des Lyanes, au fond de l’impasse, vivent 23 d’entre eux (tous originaires de la ville de Constantine). Au coin de la villa et de la rue se tenait le bar-restaurant-épicerie-hôtel Les Lyanes Villages, tenu par M. Imhoff.
Illustres habitants. Au niveau de l’actuel 8 rue des Lyanes, Henri Chassin, entrepreneur en travaux publics, avait ses ateliers et son domicile. Il y inventa le ciment-armé et devint en 1905 maire du XXe arrondissement. Il est enterré au Père-Lachaise. Moins glorieux, au 21 rue des Lyanes, vivait Louise-Joséphine Jaume (1879-1917). Elle se laissa séduire par un certain Henri Désiré Landru, qui après avoir vécu quelque temps avec elle, la fit passer, le 26 novembre 1917, dans sa tristement célèbre cuisinière.
La naissance du jardin des Lyanes. C’est en novembre 2016 que quelques riverains se réunissent et décident de commencer à végétaliser l’impasse. Très vite le projet fédère d’autres riverains. “Pendant 15 ans, cela me désolait de voir cet endroit utilisé comme dépotoir, urinoir, lieu de deal, casse à scooter volé, lieu de stationnement ou terrain de foot”, se souvient Guillaume Le Dû. Après la construction et installation des premières jardinières en 2017, un premier apéro entre riverains a été organisé en 2019, et depuis d’autres événements rythment l’année (festival, spectacle, ateliers pour enfants…). Des actions soutenues par le Conseil de quartier Gambetta. Son conseil : “N’attendez pas que les pouvoirs publics le fasse pour vous : végétalisez vous-même votre cadre de vie”.
Prochains RDV : Le vide-greniers des Lyanes le 14 juin – 3e édition (les emplacements sont gratuits). Cinéma en plein-air le 13 septembre – 6e édition (le film n’est pas encore choisi).
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