“Viens chez moi, j’habite dans une villa”. Dans la longue liste des “villas” du 20e arrondissement, soit une trentaine d’impasses souvent bucoliques et verdoyantes, on pioche aujourd’hui celle du Borrégo. Dont l’entrée débute au 33-35 de la rue du Borrégo, dans le quartier Saint-Fargeau/Télégraphe.

À Paris, ces petites voies privées, plutôt étroites, sont parfois appelées “cité”, “passage” (quand il y a un point d’entrée et un point de sortie) ou “villa” (terme utilisé à partir du 19e siècle, pour des ruelles bordées de maisons). La rue et la villa attenante tirent leur nom à la bataille de Cerro del Borrego, qui s’est tenue en juin 1862, lors de l’expédition militaire française au Mexique (1861-1867). Son objectif ? Mettre en place un régime favorable aux intérêts français de l’époque, sous le règne de Napoléon III. Soit un souverain européen catholique et conservateur, capable de contrebalancer le pouvoir grandissant des États-Unis protestants. Remporté par les Français, ce combat aurait vu une compagnie de seulement 150 hommes mettre en déroute plus de 2 000 Mexicains…

C’est deux ans après les faits, en 1864, que la rue du Borrégo est ainsi désignée. Puis, en 1909, qu’une impasse voit le jour. Un architecte, prénommé Leduc y a projeté trois petites constructions cette année-là. Au bout de l’impasse, longue d’une cinquantaine de mètres, sur trois de large, un escalier en pierre butte sur le réservoir de Belleville. Aujourd’hui, on y constate une grande hétérogénéité des bâtiments, avec à la fois des constructions en briques, modestes, plutôt rudimentaires, sans décor, et des demeures plus vastes, plus travaillées, avec des détails architecturaux soignés, comme un somptueux balcon en fer forgé. En somme, chacun a fait selon ses moyens. 

Aujourd’hui, il faut un budget conséquent pour y disposer d’un jardin privé. D’après le site Etalab, qui recense toutes les ventes immobilières, une maison de 90m2 avec une dépendance de 80m2, s’est vendue 1,3 millions d’euros en 2021. On constate aussi que certaines demeures, les plus vastes, ont été découpées en plusieurs appartements, qui se sont achetés autour de 10 000 € le m2. Le prix de la quiétude à Paris ?

Coup de coeur pour ce balcon en fer forgé surplombé d’une marquise

Au bout de l’impasse, un mur entourant le réservoir d’eau de Belleville. Enterré, il s’élève sur deux niveaux et possède une capacité de 18 000 m3.

——————

À lire aussi :

Campagne en ville : nos coins préservés préférés dans le 20e

Habiter la Campagne à Paris : le témoignage d’Hélène qui y vit depuis 15 ans

Patrimoine : la rue Saint-Blaise, îlot préservé de l’ancien village Charonne