Alors que 2 600 sans-abris ont été recensés à Paris, dans la nuit du 20 au 21 janvier 2022 (lors de la “nuit de la solidarité”), dont 110 personnes dans le 20e arrondissement de Paris, on s’intéresse aujourd’hui à ceux qui leur viennent en aide. Dans le 20e, l’association “Une couverture pour l’hiver” (UCPH) part en maraude, à leur rencontre. Objectif : se mettre à leur écoute, tout en leur proposant un soutien matériel.

 

Chaque jeudi soir, ces jeunes se rassemblent rue des Rigoles pour venir aux devants des besoins des sans-abris. Afin d’élargir leur périmètre, ils se séparent en deux groupes et sillonnent les quartiers de Jourdain, Belleville et République. Alors que la température fait grincer les dents, la proposition d’une soupe, d’un café ou d’un thé, plus que bienvenue, leur permet d’établir un premier contact. Et pour ne pas paraître trop “brusque” ce sont un ou deux étudiants qui se dirigent vers les sans-abris, nous explique Matthias Humbert (responsable de la coordination des maraudes). 

La précarité gagne du terrain 

L’association rassemble près de 390 bénévoles dont la plupart sont des d’étudiants. En plus des maraudes organisées, elle cherche à sensibiliser le grand public et à déconstruire les clichés grâce aux réseaux sociaux, grâce à des expositions photos ou à des interventions dans les universités. Cliché pourquoi ? Car contrairement aux idées reçues, la précarité atteint tout le monde et non seulement les sans-abris. “La réalité du terrain nous montre que même ayant un domicile fixe des personnes se voient contraintes de faire la manche”, constate Matthias. Suite à la Covid-19, la situation des sans-abris est de plus en plus préoccupante et beaucoup de personnes se retrouvent dans la rue. Surtout en zones franciliennes où le mal-logement perdure.

Arrivés rue des Pyrénées, on est chaleureusement salué par Henri et Cyril, tous deux âgés d’une cinquantaine d’années et déjà connus des membres de l’association. À leur demande, une soupe leur est servie. De manière à être plus efficaces : une bouilloire avec de l’eau déjà préchauffée, gobelets, touillettes et sachets de soupe déshydratés font l’affaire. Ensuite, Henri lui repart avec une écharpe, des mouchoirs, des sardines en boîtes et un masque en tissu blanc auquel il réagit avec humour “tu veux que je fasse quoi avec ça ? Je ne peux même pas le laver” dit-il en s’adressant à Sophie Cazaia (responsable du pôle accompagnement de l’association). Quant à Cyril, il sera comblé avec sa soupe.

Un manque de place pour stocker 

Sous une pluie battante, les arrêts se succèdent. En face d’une boulangerie aux portes de Belleville, se trouve Mohamed qui en nous apercevant, fait un appel général à ses compatriotes et annonce l’arrivée de la “soupe”. Caleçons, chaussettes, déodorants et sac de couchage leur sont distribués. Lorsque l’eau chaude manque, “on fait appel au café, bar ou restaurant du coin”, nous dit Sophie. Par ailleurs, les membres de l’association doivent faire face à une autre difficulté : la barrière de la langue. Celle-ci est un “frein terrible” avance Matthias. Quelques fois, il y a même des refus. Dans ces conditions, le dialogue est “impossible” alors que l’important ici, c’est aussi d’échanger et de donner la parole à ces personnes qui sont souvent “ignorées”.

Dans un petit garage qui leur sert de local, sont stockés : nourriture, vêtements, produits d’hygiène, couvertures et sac de couchages. La plupart de ces affaires sont des dons. Ce lieu est mis à disposition par la mairie de Paris. Mais faute de place, les affaires s’empilent et encombrent le passage. Malgré les nombreuses démarches administratives entamées et les mairies d’arrondissement contactées, pour l’instant rien n’a abouti… “On aimerait bien pouvoir prendre un café ou manger tous ensemble à l’abri”, nous confie Sophie. C’est tout ce qu’on leur souhaite !

>> Envie de rejoindre/soutenir l’association ? Rendez-vous sur www.unecouverture.fr

 

Texte : Inès Da Silva
Photos : UCPH

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