Et si la mort n’était pas un sujet à taire ? Des personnes âgées du 20e arrondissement témoignent en chansons et en photos grâce à “Je me fais la belle”.

 

Un projet artistique, au service de la fin de vie, initié par Marie Renaud, de son nom de scène Marie Tout Court. Les médecins du Pôle de santé des Envierges, situé rue des Pyrénées, y participent. L’idée a fleuri dans le quartier de Jourdain, où vit Marie. Suite à l’écriture d’une chanson pour sa grand-mère (“Assis sur le bord”), elle décide de dédier sa plume aux autres. Son initiative donne la parole aux personnes âgées, souvent isolées.

Bien loin du traditionnel formulaire de “directives anticipées”, ces témoignages sont recueillis lors d’ateliers, organisés plusieurs fois par mois à domicile. Des prises de paroles accompagnées par Marie Tout Court, par ses musiciens, et par la photographe Martine Marras. L’enregistrement des musiques se fait ensuite à Belleville au Studio Penny Lane. Le résultat est ensuite dévoilé sur le site jemefaislabelle.fr 

Retour sur leurs terres

L’accompagnement ne s’arrête pas là. La bande de musiciens tient à ce que les paroles des chansons résonnent jusqu’au jour de l’enterrement. De plus, lorsque c’est possible, des “journées éphémères” sont organisées. La personne est amenée à son village natal où elle peut retrouver ses amis d’enfance. Une de ces rencontres a été filmée par la réalisatrice Aurélia Braud qui suit ce projet en vue d’un documentaire. Derrière chaque portrait et chanson, se cache le récit d’une vie remplie d’émotions. 

Un amour inconditionnel, comme Jean-Paul et Chantal (photo), amoureux depuis 57 ans. Un autre amour que la vie a arraché à Jean-Claude, 83 ans. Un désir de remonter le temps, pour Madeleine, 96 ans. Ou encore la volonté de mourir chez soi, pour Liliane, 96 ans également, née rue des Pyrénées. Comparé aux Ehpad, il y a “un grand manque d’action à domicile”, confie Marie Renaud. En dehors de leurs rendez-vous médicaux, ces hommes et ces femmes n’ont souvent plus “aucun contact”, dit-elle. Cette démarche de soin réussit à atténuer “leurs peurs et leurs angoisses”, ainsi que celles de leurs proches. Quant aux médecins, eux se sentent “épaulés” car, face au sujet sensible de la mort, ils ne se sentent pas toujours “à l’aise”. 

Nouer un lien avec les jeunes générations 

En outre, des ateliers mensuels sont menés depuis 2021, au sein de l’École des Bois, dans le 19e. Un travail pédagogique réalisé avec l’équipe enseignante permettant de nouer un lien entre la jeune génération et celle de ses aînés. Les enfants de grande section et de maternelle réalisent alors des comptines, et évoquent “le temps qui passe et la fin de vie”. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les enfants réagissent plus “naturellement” que les adultes, qui eux sont plus effrayés.

Mais pour Marie, ce sont toutes deux, des générations “muses”, dont elle s’inspire pour son travail.  Poétiques et émouvantes, ces œuvres sonores et visuelles établissent un dialogue à propos de la fin de vie, afin de briser le silence et la solitude.  >> Ce projet a besoin de vous. Actuellement, l’équipe est à la recherche de partenariats et de financement, alors si intéressé.e contactez-les directement par mail : hello@jemefaislabelle.fr ou par téléphone au 06 74 49 42 51.

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