Située rue des Montiboeufs, cette crèche associative appartenant au Groupe d’œuvres sociales de Belleville (GOSB) est menacée de fermeture, pour des raisons financières. Un collectif de parents s’est monté pour défendre la structure et appelle à une manifestation mardi 16 janvier 2024 à 18h devant la Mairie du 20ème, place Gambetta. Nous relayons ici leur communiqué de presse.

“La Crèche les Passerelles est menacée de fermeture définitive en raison des graves difficultés financières rencontrées par l’association qui en assure la gestion, le Groupe d’Œuvres Sociales de Belleville. Porteuse des valeurs de mixité sociale et culturelle, et incarnée par un projet pédagogique unique, elle accueille au quotidien 66 enfants de 0 à 3 ans, grâce aux 22 salariés y travaillant et dont l’emploi est gravement menacé.

Une situation locale qui illustre la crise nationale qui frappe les services de petite enfance. Face à cette menace imminente, le collectif des Parents appelle à la mobilisation le 16 janvier prochain à 18h, place de la Mairie Gambetta, 75020 Paris. Nous, parents et habitants du 20ème arrondissement de Paris, invitons toutes celles et ceux qui souhaitent
contribuer à la défense de nos services de petite enfance à se joindre à nous. Si notre mobilisation pour Les Passerelles est locale, elle n’est qu’un exemple de la violente crise qui frappe les services de petite enfance, notamment associatifs. Nous sommes extrêmement préoccupés et tout aussi mobilisés pour garantir un mode de garde pérenne pour les enfants de notre quartier.”

Une pétition a été mise en ligne à l’initiative des Parents des Passerelles, à trouver ici : http://tinyurl.com/5annv2nn

Le contexte détaillé :

“Malgré un travail d’optimisation mené depuis plusieurs années, notre crèche est menacée de fermeture en raison des difficultés financières rencontrées par l’association qui en assure la gestion, le Groupe d’ Œuvres Sociales de Belleville (GOSB). Le GOSB est rattaché à l’Association Aurore. Depuis 2019, le GOSB fait face à des modifications très désavantageuses de ses équilibres financiers, conséquentes aux baisses des financements publics, générées par les décisions de modifications du mode de calcul des subventions allouées aux crèches par la CAF qui est passé à la prestation de service unique (PSU). La PSU est calculée sur la base des heures de présence facturées. Toute heure contractualisée est due par la famille et est financée par la CAF. Ce nouveau mode de calcul engendre des pertes de recettes importantes pour les crèches associatives en général.

Il faut ajouter à cela l’inflation récente, l’augmentation des points d’indices et du SMIC ainsi qu’un loyer élevé qui n’ont pas été compensés par une augmentation des aides et subventions annuelles publiques, notamment celle de la Ville de Paris, dont le calcul des montants alloués par enfant est très opaque et à priori injustifiable (cf. ci-dessous).

En tant que parents, nous revendiquons notre attachement à cet établissement précieux qui accueille quotidiennement 66 enfants et presque autant de familles qui vont se retrouver sans solution de garde à la rentrée prochaine dans un secteur en pleine crise. Le projet pédagogique d’accueil est porté par une équipe éducative de 22 personnes expérimentée, généreuse et dévouée, pour laquelle nous avons une confiance absolue. La crèche des Passerelles est d’autant plus précieuse qu’elle répond au caractère familial, populaire et hétéroclite de notre quartier qui possède trop peu de solutions d’accueils pour les tout-petits, tout en apportant des réponses pédagogiques de qualité, permettant le développement de nos enfants dans un environnement serein et bienveillant.

La situation de notre crèche est commune à de nombreuses structures associatives similaires, notamment à Paris et en Ile-de-France, dont certaines ont déjà fermé leurs portes. Cette situation est symptomatique d’une dégradation générale des services publics dédiés à la petite enfance qui est d’autant plus préoccupante et sidérante qu’il manque en France en 2023 près de 200 000 places d’accueil en crèche et que près de 50 000 places ont disparu depuis 2017 en raison des carences de personnel et de moyens financiers dédiés. Nous estimons qu’il est indispensable que la Ville de Paris, la CAF, et les pouvoirs publics se mettent autour d’une table pour mettre en place des solutions, car elles existent.

Au-delà des modalités de calcul des aides PSU par la CAF, une des pistes demeure les aides financières par berceau versées par la Mairie de Paris. Il nous a été communiqué le montant versé au GOSB par la Mairie de Paris par berceau et par an. Cette subvention, actuellement à 4184 euros par enfant, est nettement inférieure à la moyenne parisienne de 6000 euros, certaines associations touchant jusqu’à plus de 8000 euros. Devant une telle disparité, nous demandons à la Ville de Paris de nous faire part des critères pris en compte par les services de la Petite Enfance pour répartir l’enveloppe de fonds publics prévus pour les crèches associatives et définir les subventions par établissement. Il nous semble incompréhensible qu’une association comme le GOSB qui propose un projet pédagogique maîtrisé et qualitatif, basé sur la recherche (neurosciences, psychologie, sociologie) et reposant sur une équipe de professionnelles formées en conséquence, soit si peu soutenu.

D’autre part, une aide de la CAF pour compenser cette nouvelle réglementation permettrait de sauver la crèche.”

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