Margo, étudiante et serveuse, a quitté l’Ukraine, grâce à un homme qui réalise des transports humanitaires. Depuis Odessa, elle a passé vingt-cinq heures en voiture, dans des embouteillages monstres, afin de relier de Lviv, au nord du pays. Puis, elle a rejoint Paris. 

« Clope, mignon et chiant » sont les trois mots de la langue de Molière que Margo a appris à dire depuis son arrivée en France, le 14 mars dernier. La jeune femme de 19 ans, a dû partir d’Odessa, sa ville d’origine, située au bord de la mer Noire, et commencer son incroyable odyssée pour rejoindre l’Hexagone. « La première fois que nous avons été mis au courant de la Guerre, nous étions en train de petit-déjeuner avant de prendre le service. C’est notre patron qui nous a expliqué qu’il fallait qu’on ferme, car les premiers bombardements sur l’Ukraine avaient eu lieu ». L’étudiante travaillait en tant que serveuse dans un restaurant de soupe. Depuis, le lieu s’est transformé en cantine pour les soldats ukrainiens. Elle poursuit : « Je suis allée directement chez ma mère afin de récupérer quelques affaires (les plus précieuses) et des médicaments ». En quelques heures, sa vie a totalement basculé. 

Lviv, le point de ralliement pour une nouvelle vie

« Le trajet dure normalement neuf heures, mais là avec la guerre nous avons mis vingt-cinq heures ». C’est un homme très gentil, qui l’a conduit jusqu’à Lviv. « Avec la longueur du périple, nous avons même eu le temps de mieux apprendre à nous connaître ». Des heures d’attente interminable pour la population afin de rallier la frontière. Les raisons : des kilomètres de bouchons, car tout le monde souhaite fuir les combats et les voitures n’ont plus d’essence. « Les gens sont obligés laisser leur voiture et parfois de faire des heures de marche pour rejoindre la destination finale. Le temps n’aide pas, il est horrible, il fait très froid. C’est un cauchemar ».

Lviv est le point de passage afin de rejoindre la Pologne. Margo a pu dormir chez un ami de sa mère, quelques jours avant de continuer son périple en bus vers Cracovie. En Pologne, elle fait la connaissance d’une compatriote en fuite vers le Luxembourg, et l’accompagne dans son voyage en voiture. Avant de prendre un train direction Paris. Des transports qui sont désormais gratuits pour les réfugiés ukrainiens, nous apprend-t-elle. 

Repartir de zéro !

La France était la destination rêvée de Margot, qui a appris le français à l’école, et qui envisageait un jour de venir y suivre des études, avant de retourner vivre en Ukraine. La guerre a précipité son départ. C’est sur Instagram, qu’elle a échangé avec une Ukrainienne présente à Paris depuis un moment. Et c’est grâce à cet intermédiaire qu’elle a rencontré Aurélia, une habitante du quartier place des fêtes. Cette designer de 29 ans est devenue son ange gardien. « Elle m’a proposé directement de venir habiter dans son appartement. Elle est trop gentille, je l’adore ».

Après la chute, le rebond. « Je repars de zéro ici. La plus grosse galère que j’ai vécue est avec la bureaucratie. Qu’est-ce que s’est long pour faire ces papiers (rire) ». Après avoir attendu des heures Porte de Versailles, lieu d’accueil des réfugiés, elle a aussi eu du mal à utiliser sa carte sim.

Vous voulez aider Margo ?

« Je cherche un travail, soit pour garder des enfants ou soit en tant que serveuse car les aides pour une réfugiée sont assez maigres. 250 euros par mois, ce n’est pas assez pour vivre. » Margo veut aussi financer des études pour devenir designer. Elle apprécie ce domaine pour deux raisons : « les couleurs » et la « texture des matières ». Enfin, la jeune ukrainienne recherche un.e professeur.e de français qui pourrait lui donner des cours gratuitement. Avis aux solidaires voisins ! (Contactez-nous sur monpetit20e.com, nous transmettront).

 

Margo montrant ces anciens collègues de travail allant apporter à manger aux soldats ukrainiens.

Margo montrant ces anciens collègues de travail allant apporter à manger aux soldats ukrainiens.

texte : Thibault JULIEN

– – –

A lire aussi :

Où donner ses vêtements dans le 20e arrondissement ?

Prêt(e) à donner une heure de votre temps pour faire une balade avec un sénior ?

Une couverture pour l’hiver : des maraudes à la rencontre des sans-abris du 20e arrondissement

 

Suivez Mon Petit 20e sur Instagram

@monpetit20e