Deux à trois fois par an, la rue de Ménilmontant change d’univers. Sur le mur d’enceinte du Pavillon Carré de Baudouin, se succèdent des fresques d’art urbain (sous l’égide de Art Azoï, chargé de la programmation). Celle peinte durant l’été par Virginia Bersabé, nous plaît particulièrement. On aime son réalisme, le choix du cadrage resserré, ainsi que la dissension d’échelle qui se crée avec les passants. 

Qui est Virginia Bersabé ? Née à Cordoue en 1990, elle est diplômée en beaux-arts de l’université de Séville. Exposée dans plusieurs galeries andalouses, mais aussi à Barcelone, et en France, elle aime faire figurer le corps humain sur ses peintures. Plus particulièrement, les corps marqués, blessés, meurtris, des personnes âgées. Un impressionnisme moderne qui donne à voir des corps vieillissants, trop souvent mis de côté par l’art. 

Qu’a-t-elle peint dans le 20e arrondissement ? Le mur d’enceinte de 50 mètres de long est divisé en deux parties, séparées par la grille d’entrée d’un jardin. Deux scènes de la vie quotidienne sont représentées. D’un côté, les mains de trois femmes, autour d’une tasse, sur une toile cirée. De l’autre, une femme, habillée d’un tablier, qui tient une boite (de conserve ? de vache qui rit ?) dans les mains. 

Comment “lire” cette fresque ? Fan de street-art, Richard Tassart, en livre une analyse intéressante sur le site entreleslignes.be. “La forme des doigts, la couleur de la peau, les ongles, témoignent non seulement du vieillissement, mais aussi de l’usure provoquée par des décennies de travail manuel. (…) D’une certaine manière, le “portrait” des mains se substitue à la représentation des visages (…). Leurs mains résument leurs vies passées et leur condition sociale”, écrit-il. En parallèle de cette dimension sociale, le cadrage rompt lui “avec les formes académiques” que sont “le portrait, la scène de genre, la nature morte… et donne à voir, non pas le cadre attendu, mais le hors-cadre”. C’est “une rupture par rapport à une histoire de la peinture, une démarche elliptique d’une évidente subtilité”, poursuit-il.

L’info gourmande en plus : dans le jardin du Pavillon Carre de Baudouin, Oumou Pastry installe un stand de pâtisserie les mercredis, vendredis (15h30-17h30), jeudis (15h30) et exceptionnellement ce samedi 16/09 pour les Journées du patrimoine. Au menu : des cookies moringa chocolat blanc, dakatine chocolat noir cacahuète, brownies noix cajou à la farine de niébé (haricot blanc), cake pépite de chocolat coco, cake aux fruits confits exotiques (hibiscus papaye mangue)… à déguster avec du jus de gingembre ou d’hibiscus.

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