Depuis le 22 avril, un collectif d’une cinquantaine d’artistes (issus de deux associations, DSXL et Normandie Totale) occupe un bâtiment vide depuis 4 ans, rue Alphonse Penaud. Une ancienne usine textile (“Majestic Filature”), mise en service probablement fin 19e-début 20e siècle, dont le bâtiment arbore une magnifique verrière de style Eiffel.

 

Sa surface de 2848 m2 comprend cuisine, chambres, bureaux, ateliers créatifs (bois, fonderie, création de glaces…), ainsi qu’un toit-terrasse (accessible uniquement avec une échelle). Le nom de ce nouveau lieu artistique ? Atomic City (qui était l’une des marques commercialisées par la filature, et dont il reste un grand panneau, affiché à l’entrée). Le lieu se veut ouvert sur le quartier, prévoyant un accueil du public, certains jours, avec des résidences d’artistes, des ateliers artistiques ainsi que la création d’une gratuiterie (vestiaire solidaire de vêtements et de meubles).

Un hôtel a un temps été envisagé dans le lieu, et la Commission du Vieux-Paris avait donné son accord pour sa démolition en 2016 (voir page 3) : “La commission constate que le bâtiment est représentatif des constructions manufacturières de petit échelle de la fin du XIXe siècle mais estime que l’intérêt patrimonial de l’œuvre n’est pas suffisant pour qu’elle s’oppose à sa démolition”.

Puis en 2020, la filature a été rachetée par la Croix-Rouge, avec l’idée d’en faire un centre d’accueil pour mineurs et pour enfants autistes. En attendant que ce projet voit le jour, le collectif d’artistes espère pouvoir signer avec l’association humanitaire une convention temporaire d’occupation, comme cela se fait de plus en plus dans des lieux en transition. “D’autant que les ateliers d’artistes sont de plus en plus menacés dans l’est parisien”, nous explique Alix, membre du collectif, qui nous fait la visite.

Plusieurs élus parisiens ont déjà affiché leur soutien à cette initiative, se sont déplacés, et un vœu a été adopté en ce sens, le 18 mai, en conseil d’arrondissement : “Étant donné le bon état du bâtiment, cette période transitoire offrirait la possibilité d’une occupation temporaire artistique, telle que définie dans la Charte pour l’occupation temporaire et transitoire de la Ville de Paris.”. 

>> Portes-ouvertes & buvette ce dimanche 22 mai 14h-18h. 48, rue Alphonse Penaud. Quartier Saint-Fargeau/Porte de Bagnolet. 

Une vidéo du temps où la filature fonctionnait encore :

Présentation du collectif :

Qui sommes-nous ? “Le collectif du 48 rue Alphonse Penaud est l’union de membres de deux associations, DSXL et Normandie Totale. Nous avons décidé d’unir nos actions. Composé d’artistes, étudiants, artisans et travailleurs d’horizons divers, notre collectif s’articule autour d’un désir partagé de construire un vivre-ensemble autonome. Nous souhaitons mettre en commun notre savoir-faire, nos ressources et partager nos expériences. Nous sommes toutes et tous dans des situations de grande précarité et n’avons aucunement les moyens de trouver des espaces de travail abordables. Dans l’impossibilité de développer nos pratiques professionnelles et artistiques en Île-de-France, nous investissons par nécessité des lieux laissés à l’abandon dans l’attente de leur démolition ou de leur réaffectation. Nous en faisons un usage temporaire créatif, écologique et politique, en dehors des logiques marchandes, usage qui s’inscrit dans ce qui est aujourd’hui appelé “l’urbanisme transitoire”.”

Leurs activités. “Il sera question de proposer un espace hybride où les disciplines et les milieux communiquent, un espace d’échange, de partage et de solidarité ouvert aux personnes en situations de précarité. Une des ambitions du collectif est de décloisonner la culture et l’accès aux pratiques plastiques de ses réseaux habituels en proposant des évènements diversifiés à un public large en terme d’âge et d’origine sociale et toujours en libre accès”.

Leurs projets. “La proposition d’ateliers d’auto-réparation de vélo, de couture, de musique, d’arts plastiques et de danse. La création d’espaces d’éducation populaire en informatique et en langue vivante. Une gratuiterie de vêtements et de mobiliers ainsi qu’une bibliothèque participative, fonctionnant sur dons. Une distribution gratuite de paniers de fruits et légumes constitués à partir d’invendus des marchés et magasins bios partenaires. Des projections de films et de documentaires. La création d’un acousmonium, système de diffusion musicale multi-canal («orchestre» de haut-parleurs destinés à la diffusion de compositions electro-accoustiques), afin de proposer des concerts dans des conditions d’écoute inexistantes en dehors des conservatoires ou institutions très spécialisées. La création de studios d’enregistrement sonore ainsi que de post-production cinématographique. La mise à disposition d’ateliers partagés pour artistes et artisans.

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