À l’occasion des journées Portes Ouvertes des Ateliers d’Artistes de Belleville, Mon Petit 20e part à la rencontre d’artistes de l’association. Aujourd’hui, découvrez Fanny Bruno et le Netart (art créé avec et pour internet) 

 

Fanny se souvient d’un cours de peinture d’une de ses amies, auquel elle était venue assister. Le professeur lui avait demandé ce qu’elle voyait dans les pétales blancs d’une fleur. Perplexe, elle ne su pas quoi répondre. Il lui répondit alors que dans ce blanc se trouvait toutes les autres couleurs et c’est là qu’elle les vit : les couleurs. A l’époque, elle n’était qu’au collège. Mais même avant cela, l’art l’avait toujours attiré. Le métier d’artiste s’est petit à petit imposé comme une vocation pour elle. Après des études de sociologie qu’elle passait en compagnie des étudiants en art expérimental à l’université Saint-Charles, aujourd’hui le campus d’école d’art de la Sorbonne, elle devient photographe culinaire.

Découverte et adoption du glitch art

A côté, elle crée et son art a finalement pris la voie de ce qu’on appelle le “glitch art” (le bug érigé en tant qu’art). Un tournant loin d’être volontaire, elle qui, au tout début des réseaux sociaux, protestait vivement contre Facebook. Elle repoussait alors les limites de la plateforme, postant des vidéos au format d’image anormalement grand pour les faire bugger, insérant des images minuscules pour forcer le réseau à les agrandir, modifiant l’avatar de base dans un refus de le changer par une image de profil personnelle.

Mais elle finit par découvrir les bons côtés de la plateforme en y rencontrant d’autres artistes, eux aussi spécialisés dans les glitchs et le netart. “J’ai commencé à faire de l’art numérique en voulant ne pas en faire.” Depuis, elle a migré sur Telegram où elle a rejoint un groupe communautaire international. Chacun y échange leurs œuvres qui sont ensuite retouchées par les autres membres, tout à tour, créant une multitude de “cadavre exquis”. Ce côté communautaire, elle le retrouve dans le 20ème arrondissement. Les gens s’y entraident, notamment via un groupe Facebook très actif. Ancienne habitante du 18ème, elle passait déjà à l’époque beaucoup de temps dans notre cher arrondissement.

Ses œuvres glitchées, elle les crée via le logiciel Blender, spécialisé dans la modélisation, l’animation et la 3D. Fanny l’apprécie pour son code source en libre accès, permettant aux utilisateurs d’ajouter eux-mêmes des fonctionnalités. Mais aussi grâce à la possibilité d’échanger avec le reste de la communauté.

 

L’origine d’un pseudo

YNFAB vient d’abord d’une volonté de se démarquer. Fanny Bruno se trouve être un homonyme plutôt commun et l’artiste voulait que l’on puisse facilement la retrouver sur internet. Son choix s’est porté sur un pseudo que l’on pourrait qualifier de “neutre” que cela soit par rapport au genre qu’à sa nationalité. Elle ne voulait pas être identifiée comme française. Utilisant en premier lieu uniquement ce pseudonyme pour ses expositions en ligne, elle l’a ensuite utilisé à plus large échelle, y comprit dans la vraie vie, après avoir gagné en popularité en tant qu’artiste via ce pseudo.

Zoom sur une œuvre : Épidermique 

Nous avons échangé ensemble sur l’une de ses œuvres : Épidermique (photo 1) Elle nous y montre un mort, au genre androgyne, fluide. C’est la guerre qui l’a tué, ses yeux sont figés, en pleine rêverie. Le corps recouvert de simulacres de qr code superposé à un fond de glitch multicolores, ce n’est qu’un avatar virtuel. Peut-être un avatar pour échapper à la guerre. Mais comme sur Internet, la réalité finit toujours par percer dans le virtuel et ici ce rappel se présente par la multitude de poils qui font bien trop réalistes comparé au reste.

>> Retrouvez les œuvres d’YNFAB lors des Portes Ouvertes des Ateliers d’Artistes de Belleville, du vendredi 20 au lundi 23 mai. Elles seront exposés au 1er rue Francis Piccabia 

Texte : Kim Dommergue

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