Bien moins connu que le Père-Lachaise, qui est LE lieu d’attraction des touristes dans le 20e arrondissement, le cimetière de Belleville est bien plus modeste, plus confidentiel. Plus méconnu encore, que le cimetière de Charonne (caché derrière l’église du village Saint-Blaise), il mérite pourtant notre intérêt. Si vous n’y avez jamais mis les pieds, ne manquez pas de l’ajouter à la liste de vos balades printannières à venir.  

 

Rendez-vous au 40 rue du Télégraphe pour découvrir ce cimetière ouvert entre 1804 et 1808. Il est créé à la suite de la vente du terrain par Suzanne Louise le Peletier de Saint-Fargeau, une aristocrate, à la municipalité bellevilloise. Cette parcelle de terrain de 25 ares 29 centiares était située dans l’ancien parc du château de Ménilmontant. Les édiles bellevillois s’étaient enquis d’un emplacement après la promulgation du décret impérial du 23 prairial an 12 (12 juin 1804) qui, dans son article premier, interdisait dorénavant les enterrements dans les églises ou trop près du cœur des villes et des villages. L’article 3 précisait : “Les terrains les plus élevés et exposés le plus au nord seront choisis de préférence”.

Le choix du parc du château de Ménilmontant fut judicieux, car c’est ici que dès la fin de l’année 1791, Claude Chappe (qui repose au Père-Lachaise voisin) essaya à grande échelle la portée de son télégraphe optique. La station de métro voisine de la ligne 11 Télégraphe conserve la mémoire de ses expérimentations. Ainsi, le cimetière de Belleville partage avec celui de Saint-Pierre de Montmartre (dont la création ne fait pas suite au décret de 1804, mais est bien plus ancien) de culminer sur les hauteurs de Paris à environ 128 mètres.

Le cimetière de Belleville est celui des Bellevillois et s’y trouve bien évidemment les plus anciennes familles du village. Leur mémoire est conservé à travers leur sépulture, mais également à travers certaines rues du 20e et du 19e voisin comme le Passage Boudin, la Villa Faucheur, la rue Houdart, l’Impasse Petin (déformation de Pithouin), les rues Dénoyez (pour Desnoyez) et Delouvain. Des Bellevillois célèbres y reposent comme Léon Gaumont, le pionnier du cinéma, qui est certainement le plus connu d’entre eux en France et dans le monde entier. 

Texte : Denis Goguet
Photos : @jerometreca (la première), Wikicommons (les suivantes)

 

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