“Jeune artiste, future légende”, c’est comme ça qu’il aime s’appeler. À 20 ans, Samso, jeune rappeur d’Orteaux, a bien l’intention de finir au top. Son dernier EP Ready To Str¡p, sorti le 14 mai, confirme son envie de casser la porte. Nous sommes allés le rencontrer là où tout a commencé. Découvrez son interview.

1 635 abonnés sur Instagram, près de 1 000 auditeurs par mois, 25 000 écoutes sur son EP Maison Cauchemars Bleus, sorti le 23 février… Dans ses sons, Samso parle de lui et partage ses émotions : la douleur de ne pas avoir grandi avec son père dans Bonne Nuit Papa, son impatience de faire partie des grands dans Mocassins, sa peur de s’engager dans une relation dans Ready. Relayé par de plus en plus de médias rap, Samso ne cesse de gagner en popularité depuis le début de l’année et c’est pour ça qu’on est allés le rencontrer.

Alors je te laisse te présenter !

Moi c’est Samso. Jeune artiste du 20e arrondissement. J’ai 20 ans, je suis un auteur, compositeur, interprète.

De quel quartier du 20ᵉ viens-tu et que représente-t-il pour toi ?

Je viens d’Orteaux, dans le sud du 20e. Le 20e pour moi, c’est toute ma vie. C’est là où j’ai grandi, c’est là où j’ai tout fait. J’ai tout commencé dans le 20e. C’est là où j’ai commencé la musique, que j’ai commencé tous mes projets. Tout ce qui fait la personne que je suis aujourd’hui, ça vient d’ici. C’est dans le 20e que j’ai développé un esprit créatif.

Samso assis sur un banc Place de la Réunion / Fanny Velay

Peux-tu m’expliquer ton nom d’artiste ?

C’est trop bête. Il n’y a pas de grande signification. C’était en quatrième, en cours d’espagnol, il y a un pote à moi qui arrive en classe. Il s’appelle Ibrahim et il dit “ouais maintenant, m’appelez plus Ibrahim, appelez moi Bramso Escobar !”. Et moi, suiveur que je suis, j’ai dit “ouais, moi aussi, appelez moi Samso Escobar !”. Quand je me suis inscrit sur les réseaux, j’ai gardé le Samso, j’ai enlevé le Escobar. Maintenant, tout le monde m’appelle Samso.

Cette passion pour la musique, elle vient d’où ?

Dès la primaire, je voulais être rappeur. J’étais très influencé par la Sexion d’Assaut, tout le délire Wati B. C’est eux qui m’ont influencé niveau rap. Mais cette volonté d’être rappeur, c’était enfantin. Les rappeurs me fascinaient, mais je ne me disais pas que c’était un vrai métier. Pour moi, c’était vraiment des êtres imaginaires. J’écoutais aussi beaucoup de musique africaine chez moi, beaucoup de louanges et du gospel. Je chantais à l’église. C’est de là aussi que vient ma passion pour le chant. C’est un truc que j’avais déjà depuis tout petit, qui s’est un peu perdu au fil du temps, mais qui est revenu et qui m’a rattrapé.

Comment as-tu commencé la musique ?

J’ai toujours été dans un milieu entouré de musique. Ça écoutait beaucoup de musique à la maison, je suppose comme un peu dans tous les foyers Z (rires). Mais je dirais que le moment où j’ai vraiment commencé à écrire mes propres textes et à les rapper, c’était en 2019. J’ai commencé avec des impros avec mes potes. Ensuite, j’en avais marre, je voulais faire plus. J’ai eu un déclic pendant le confinement. Je me suis retrouvé à ne faire que ça de toutes mes journées. C’est à ce moment-là que ma passion a grandi et que c’est vraiment devenu une obsession pour moi. Avant, j’aimais beaucoup la musique, mais j’étais un simple consommateur. Quelqu’un qui aime beaucoup la musique, mais pas plus que ça. D’ailleurs, quand j’étais petit, ma mère voulait m’inscrire à des cours de chant, mais je ne voulais pas.

Pourquoi ?

C’était la honte. Quand t’es en primaire et au collège, c’est le foot. Tout le monde veut jouer au foot, veut faire du sport. Tu ne fais pas de cours de chant. Je me voyais mal, pendant que tout le monde jouait au basket ou au foot, aller à la chorale. Donc je lui disais “non, je ne vais pas chanter”, mais en vrai je chantais en cachette quand j’étais chez moi. D’ailleurs, j’ai pris des cours de chant récemment.

Tu t’inspires de quels artistes ?

Je dirais, pour ne citer qu’eux, Luidji qui est mon artiste favori, et Brent Faiyaz. C’est vraiment les deux artistes qui m’inspirent beaucoup.. Je peux aussi te citer Tyler The Creator, La Fève. Et à l’ancienne, c’était plus Leto, Ninho, Kalash Criminel. Luidji m’inspire dans sa sincérité, dans sa manière de faire passer des émotions à travers sa musique. Je trouve que c’est le goût et le choix pour un artiste de faire ça, d’être vraiment sincère dans son art. Et les autres artistes, c’est souvent à travers leur créativité et les idées qu’ils ont. Quand j’entends dans une musique quelque chose que Tyler The Creator fait, par exemple un effet avec sa voix ou une mélodie qu’il est parti chercher, je me dis “mais où est ce qu’il est parti la chercher et comment il a réussi à faire ça ?”. C’est comme ça que ça m’inspire.

Où enregistres-tu tes sons et avec qui ?

Je les enregistre dans un studio qui est dans une fac. C’est une annexe de la Sorbonne, un peu désaffectée. Il y a des associations là-bas maintenant. J’enregistre avec des potes à moi producteurs, Lusoneo, Blue, Kiddy, Arto. C’est avec eux que je fais de la musique.

Samso au studio / Yohan Ewany

Pourquoi fais-tu de la musique ?

Pour moi. Je le fais pour parler, pour me parler à moi-même. Ça part d’une envie de me comprendre et le moyen le plus sincère, le plus instinctif que j’ai trouvé pour me parler, c’est la musique. Quand c’est bien je la sors, quand c’est pas bien, je la garde pour moi. Quand j’ai l’impression que j’en ai trop dit aussi, je la garde pour moi. Je me dévoile plus en musique que dans la vraie vie.

Tu ne fais pas de la musique pour les gens ?

Non, ce n’est pas pour plaire. Mais il y a quand même ce vice de se dire que je peux faire de l’argent avec. Je peux vivre ma vie avec ça. C’est pour ça que je continue aussi. Mais je continuerai aussi même si je ne fais pas d’argent.

C’est ton objectif d’en vivre ?

Oui.

À côté tu ne fais pas d’études ?

Si, je suis à la Fac. Je suis en AES, Administration Economique et Sociale, à la Fac de Nanterre. Mais c’est un peu par défaut que j’y suis. J’y vais, mais un peu avec désintéressement. C’est surtout pour rassurer ma mère.

Tout de suite tu t’es dis ça va être mon métier, ou c’est venu progressivement ?

C’est venu progressivement. Pour être honnête, au début, je ne me sentais pas légitime de rapper parce que je me disais wow, il y a tellement de gens qui rappent. Pourquoi moi je serais un rappeur de plus ? Qu’est-ce que je pourrais apporter de plus ? Pourquoi moi, et pas pas quelqu’un d’autre ? Mais c’est une mauvaise manière de penser ça. Petit à petit, la passion s’est affermie, elle a grandi jusqu’à un moment où je pensais vraiment qu’au rap tout le temps, qu’à la musique tout le temps, jusqu’à maintenant.

Peu de personnes parviennent à percer, comment arrives-tu à te dire que tu vas y arriver ?

Je crois beaucoup au destin et au fait que s’il y a quelque chose qui m’arrive, c’est que c’était destiné. Le fait d’avoir été passionné très jeune par la musique, avoir perdu cette passion là pendant un petit moment et l’avoir repris plus tard au lycée, je trouve que c’est déjà pas un hasard. Il y a aussi une grande part de travail. Je suis un bosseur. Le destin, il faut aller le chercher. Pour aller provoquer les opportunités, pour aller provoquer les choses.

Comment ta mère voit ta musique ?

Avant, je sais qu’elle n’était pas du tout pour. Ce n’est pas tant la musique qui la dérange, mais c’est tout ce qu’il y a autour. Quand elle me parle de musique, elle me dit “ouais, fais attention”. Je pense qu’elle sait que c’est un monde qui n’est pas forcément sain parfois. Qui peut être destructeur, qui peut affecter le mental. Elle a plus peur qu’autres choses. C’est plus dans un esprit de me protéger qu’elle me dit ça. Mais sinon elle est désintéressée, elle me dit “je sais que c’est une phase, et que ça te passera et qu’à un moment tu vas arrêter”. Elle ne me prend pas au sérieux du tout. En fait, c’est bizarre ! Elle me prend au sérieux, mais pas trop.

Ta musique, tu la définirais comment ?

Comme quelque chose de sensible, de sensiblement sincère et de sensiblement neutre. Authentique, unique. Sans concession.

Samso sur le clip de GCD! / Adrien Amielet

Le 20e influence-t-il ta musique ?

Oui, c’est toute ma vie. Je ne peux pas faire de la musique sans parler de là où je viens. Je viens du 20e, ne pas parler de ce qui m’a fait grandir, de ce qui m’a fait évoluer, c’est impossible pour moi. C’est pour ça que ça m’inspire tous les jours, et même Paris en général ça m’inspire. Mais plus particulièrement le 20e, parce que c’est là où j’ai grandi. C’est là où je vois tout. Je comprends des choses. Et même les autres créatifs du 20 m’inspirent. Le 20e c’est un arrondissement vraiment très culturel. Tu peux voir des peintres, des photographes, des réalisateurs, des acteurs. Il y a tellement de potentiel ici. Souvent, la peur pour un artiste, c’est de se sentir incompris. Et quand tu vois qu’il y a autant de personnes qui sont dans ces domaines artistiques, tu te dis que finalement, tu n’es pas seul et qu’il y a d’autres personnes comme toi.

Je ne peux pas faire de la musique sans parler de là où je viens

Quels sont tes projets en 2024 ?

Continuer à faire de la musique, continuer à en sortir et toucher plus de personnes. Tout simplement. S’améliorer aussi, être en constante évolution. Chercher d’autres choses, de nouvelles sonorités. Évoluer en tant qu’humain.

Si tu devais définir ton année 2024 en un mot ?

Grandiose. C’est mon mindset. Je suis tellement dans une lancée mentalement et artistiquement que je ne me vois pas être au même endroit que l’année dernière. Je me vois évoluer.

Tu te vois où ?

Je me vois trop loin. Très très loin. Est ce que je peux dire où je me vois ? (sourire) Je me vois signer. Déjà, je me vois arrêter la fac complètement pour la musique. Je me vois avoir une opportunité qui puisse me permettre vraiment de me consacrer sérieusement à la musique, même si je m’y consacre déjà sérieusement. Mais qui me permette de me dire qu’il n’y a pas de plan B, qu’il y a juste le plan A. Et c’est pour ça que je dis grandiose.

Ses bonnes adresses

1/ Les pizzas de Dinapoli, rue de la Réunion
2/ Le poulet de Big Farmer
3/ Buffet Dost “pour le reste”, rue d’Avron
4/ Le Centre Ken Saro-Wiwa pour la pratique des arts urbains
5/ Le Jordan Legacy Court pour taper un match de basket rue des Haies
6/ Le Centre socioculturel Etincelles rue des Haies


Fanny Velay

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