Vous lisez quoi, vous, en ce moment ? Notre recommandation en ce lundi, c’est un premier roman qui se déroule dans le 20e arrondissement : “Prière au lieu” d’Alice Babin (aux Editions JC Lattes), sorti le 6 octobre. On a beaucoup aimé, c’est très prenant dès les premières pages. C’est une invitation à aller (re)découvrir la rue des Rigoles, à Belleville, où cette journaliste et écrivaine a résidé dans son enfance.

 

Le pitch : Alice, vingt-cinq ans, est architecte. Elle aimerait construire des maisons où il fait bon habiter. Des cocons, des foyers. Seulement les clients ne pensent qu’optimisation de l’espace et rentabilité. Tout bascule lors d’une traversée en bateau, quand elle est rattrapée par le lieu de son enfance, la rue des Rigoles, quittée trop vite il y a quelques années. Alice décide alors d’y retourner. C’est le début d’un voyage dans une rue de Paris où les trottoirs se font face comme les classes sociales et où l’amour s’éloigne à mesure que le temps passe. C’est aussi l’histoire d’enfants qui, au rythme de la flambée de l’immobilier, deviennent grands.”

L’INTERVIEW
On a interviewé Alice Babin lors d’une rencontre-dédicace à la librairie La Bicyclette Bleue (45, rue Pelleport, 20e). 

Quels souvenirs conservez-vous de votre enfance rue des Rigoles ?
Je garde en tête une rue surprenante. Joyeuse et désarçonnante à la fois. La différence à chaque coin de rue créait une identité très forte, riche, une énergie permanente.

Quels sont les lieux qui vous ont marqué dans ce quartier à l’époque ?
La rue des Rigoles en elle-même, ses trottoirs, ses rebords de fenêtres, ses arbres, ses sorties d’égout, ses voix. Tout était habité, attachant, faisait partie de chez nous.  Le stade aussi, situé rue Olivier Métra, haut lieu de la jeunesse, les embrouilles, les amours.  La place des Rigoles, la Place du Guignier, et la place du gymnase, toutes les trois comme un point central du quartier.

Le jour où vous avez déménagé de la rue des Rigoles, comment avez-vous vécu ce départ ?
Comme tout changement, je crois finalement, c’est perturbant. Et triste aussi. Dans un déménagement, on ne dit pas seulement au revoir à un lieu, on dit au revoir au sentiment du chez soi, et du chez nous. L’appartenance à une histoire particulière dans cet “ici”, et à une histoire collective aussi ; ici, on n’en fera plus partie. Mais les livres servent aussi à renouer, alors maintenant ça va.

Y êtes-vous retournée pour retrouver vos amis et vous inspirer pour écrire “Prière au lieu” ?
Bien sûr. J’ai fait un vrai pèlerinage, pendant une longue période, de jour comme de nuit.

Comment vous est venue l’idée d’écrire ce livre ?
C’était un besoin. La volonté de fixer un temps, un lieu, face au changement.

Aujourd’hui, ressentez-vous nostalgie et regret en voyant la rue des Rigoles et alentour avec vos yeux d’adulte ?
Je suis quelqu’un de nostalgique, donc oui. Ça me prend malgré moi ! Mais je trouve aussi beau de pouvoir assister à l’évolution de ce lieu qui m’est cher.

Le 20ème arrondissement change de visage social depuis plusieurs années. Qu’en pensez-vous ?
Les changements de visage des lieux sont liés à une question économique, et donc politique. J’en pense que les évolutions sont heureuses lorsqu’elles incluent, accueillent. Sinon, je les trouve injustes.

Prière au lieu est bien plus qu’un livre racontant une parenthèse de vie sur un p’tit coin du 20ème arrondissement. C’est un souffle d’espoir pour les enfants d’aujourd’hui et de demain. Etes-vous d’accord ?
Merci beaucoup, je prends ! L’espoir, c’est important !

Avez-vous de nouveaux projets d’écriture à l’étude ?
Oui !

Si vous aviez un voeu sur un lieu à formuler, lequel serait-il ?
J’adore les vœux. Alors, oui, je dirai… : je souhaite que Paris ne perde pas de vue qu’elle est une ville, c’est-à-dire un lieu d’habitat, de partages, de conflits, bref de vie en fait, pas seulement une capitale avec un grand C, qui doit avant tout briller.

Interview : Philippe Delhumeau

 

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