« On va mettre Brassens à la poubelle ! ». L’Association d’histoire et d’archéologie du 20e arrondissement de Paris (AHAV) nous alerte sur la possible disparition prochaine des mosaïques de la station de métro de la ligne 11. Un article que nous repartageons ici avec son accord.

En 1957, Georges Brassens chantait Les lilas (album « Je me suis fait tout petit ») :
« Quand je vais chez la fleuriste, je n’achète que des lilas/
Si ma chanson chante triste, c’est que l’amour n’est plus là/
Comme j’étais en quelque sorte, amoureux de ces fleurs-là/
Je suis entré par la porte, par la porte des Lilas. » 

Trois mosaïques en hommage à Georges Brassens

A la fin des années 1980, en hommage à l’artiste, disparu en 1981, et en clin d’œil à sa chanson, la RATP installait sur les quais de la station Porte des Lilas (ligne 11, direction Châtelet) trois panneaux de mosaïque en grès émaillé de 16 m², insérés dans les cadres de faïence dorée réservés aux anciennes affiches publicitaires. Les voyageurs du métro peuvent toujours les admirer… mais pour combien de temps encore ?

Ces panneaux représentent l’un le portrait de Georges Brassens, tel qu’en lui-même, avec sa moustache, son regard franc, sa fameuse pipe en bouche, l’air légèrement rieur, et les deux autres des branches de lilas en fleurs. Les trois fresques sont l’œuvre des mosaïstes Pepsy, Michel L’Huillier et leur fille Mathilde L’Huillier. Elles rendent hommage à Georges Brassens et à son iconique chanson Les lilas. Elles rappellent aussi qu’il fut un temps pas si lointain où les espaces champêtres et les débits de boissons des Lilas attiraient les Parisiens en quête de distractions dominicales.

Quai de la station porte des Lilas sur la ligne 11 – VV

Attention, travaux…

Dans le cadre du prolongement actuel de la ligne 11 du Métro, la réfection des murs de la station Porte des Lilas a été entreprise. Et les trois belles mosaïques représentant Georges Brassens et les bouquets de lilas sont en danger de disparition. Elles sont dégradées par des infiltrations et il semblerait que la réfection en cours n’inclut ni leur remise en état, ni même leur préservation. Pourtant, elles constituent un rare exemple de cette technique sur les murs du Métro parisien, associé au souvenir d’un chanteur et poète anarchiste qui fait aussi partie de notre patrimoine !

Alors, l’association Racines du 93, présidée par Sylvain Oerlemans, a décidé de réagir. Elle a lancé une pétition en ligne afin d’attirer l’attention sur cette œuvre patrimoniale et de la sauver de la destruction. Mise en ligne l’été dernier, la pétition récolte pour le moment plus de 7 600 signatures.

Georges Brassens avait un autre lien un peu oublié avec la porte des Lilas : en 1957, il avait accepté par amitié pour René Fallet, de faire l’acteur aux côtés de Henri Vidal, Pierre Brasseur et Dany Carrel dans le film de René Clair intitulé Porte des Lilas ; il y tenait le rôle de l’Artiste, guitariste et chanteur. Ce fut l’unique film auquel Brassens participa.

Mais il faut savoir que le film fut tourné aux Studios de Boulogne et qu’on n’y voit donc aucune image réelle du quartier de la porte des Lilas, ni de la fameuse Zone qui existait alors là où passe aujourd’hui le périphérique, ni de la station de métro Porte des Lilas, tels qu’ils étaient dans les années 1950. Et la chanson Les lilas n’y est pas chantée…

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Pour signer la pétition, c’est par ici : Sauver les 3 mosaïques de Georges Brassens à la station Porte des Lilas

Pour en savoir plus sur l’œuvre des mosaïstes L’Huillier :  Du pixel à la mosaïque, la saga de la famille L’Huillier

Pour voir le reportage de France 3 Paris-Ile-de-France : Non au démontage de la fresque de Brassens

Georges Brassens, mosaïques de Pepsy, Michel L’Huillier et Mathilde L’Huillier – VV

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