EXIL À BELLEVILLE #3. Ce jeudi 19 octobre, à l’aube, une mise à l’abri des jeunes migrants occupant depuis juin le Parc de Belleville a été ordonnée par la Préfecture (sur ordre du ministère de l’Intérieur). Le journaliste Dario Nadal était sur place.

Ce matin tôt, près de 430 jeunes exilés en recours de minorité ont été pris en charge par la préfecture pour être mis à l’abri dans des centres d’hébergement pour demandeurs d’asile à Paris et en Île-de-France. Cette mise à l’abri est une toute petite victoire dans un océan de galère pour eux, mais c’est la première mise à l’abri arrachée par l’inter-asso depuis décembre 2022, le résultat de presque un an de bataille.

Les jeunes apparaissaient comme soulagés, mais il y a eu pas mal de panique et de stress, car ils avaient peur de ne pas tous partir. D’autres exilés qui ne dormaient pas au parc dont des jeunes filles et au moins une famille de réfugiés afghans avec plusieurs enfants en bas âge étaient également présents dans l’espoir d’être mis à l’abri. L’organisation a connu quelques problèmes notamment à cause des bus qui devaient venir au niveau du Belvédère normalement, mais qui sont finalement venu les chercher en bas au niveau du jardin Pali Kao. Au total, 430 jeunes sont partis à La Villette, Clichy, Sarcelles, Ris Orangis, et boulevard Ney dans le 18e, dans des centres pour demandeurs d’asiles. Le temps que leurs cas soient examinés un par un et qu’ils soient reconnus mineurs ou non.

Ceux qui seront reconnus mineurs seront pris en charge par l’ASE. Les autres se retrouveront malheureusement probablement dans la rue et/ou repêchés par les assos qui ont des réseaux d’hébergeur solidaires. Cinquante jeunes sont restés sur le carreau ce matin, ont été emmenés par les associations (Timmy, Utopie 56, Tara et les midis du Mie) à la Halte humanitaire qui est un lieu d’hébergement de jour pour personnes exilées à La Chapelle. Ce sont également des jeunes en recours.

La préfecture n’aurait pas envoyé suffisamment de bus supplémentaires déléguant la mise à l’abri de ces 50 jeunes restants à la ville de Paris. La mairie aurait voulu ouvrir un gymnase rue Ramponneau, mais l’Etat n’aurait pas donné son feu vert. Ces jeunes restent donc à la rue, avec interdiction formelle d’approcher le quartier Belleville et encore moins le parc qui restera fermé pendant cinq jours, d’après les assos. Le quartier est actuellement bouclé par les forces de l’ordre, et le parc nettoyé de fond en comble pendant les prochaines heures/jours. Les collectes sont donc toujours d’actualité et le réseau d’habitants solidaires actif.

D. est un jeune Guinéen, il dormait au parc depuis juin.

Tanti Fatou & Maman Edwige, mamans du quartier qui ont cuisiné tous les soirs pour les jeunes pendant des semaines.

Infos & photos : Dario Nadal

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