Elle n’est plus ce qu’elle était. Comme bien des rues à Paris, celle du Surmelin (qui doit son nom à une rivière du bassin de la Marne), dans le quartier Pelleport/Saint-Fargeau, a connu une sacrée métamorphose. 

C’est en tout cas ce que documente @destroyparis20e, un compte – dont on vous a déjà parlé – qui alerte sur la disparition du Vieux Paris, notamment des petites bâtisses du 20e arrondissement. On repartage ci-dessous l’un de ces derniers posts intitulé “​​la destruction de la rue du Surmelin dans le 20ème.” 

Je tombe sur un vieux bouquin, Paris 20ème de Michel Dansel datant de 1977 et décrivant notamment deux lieux de la rue Surmelin. (…) Le petit tour commence au 64 du Surmelin, l’auteur y décrit le plaisir qu’il a à passer devant ce qui est encore “une gentille maison bourgeoise, sobre et trapue, agrémentée d’une tonnelle, le long de laquelle se contorsionne une vigne généreuse dont le produit des vendanges fournit à son propriétaire au moins deux bouteilles par an ». Ces vignes du Surmelin auraient accueilli Verlaine et Rimbaud pour une beuverie ayant inspiré le poème “Tu bois, c’est hideux presque autant que moi”. Le bâtiment et les vignes ont été détruits en 1989 donnant lieu à la construction d’un bâtiment (occupé aujourd’hui par un centre d’actions sociales, renommé récemment “Espace parisien des Solidarités”, ndlr). 

Un peu plus loin, au 38 bis de la rue du Surmelin, l’auteur décrit “un petit restaurant typique de la population du quartier. Le patron se nomme Fernand. Sa femme est au fourneau et lui, officie au comptoir”. Le restaurant est situé à côté d’un commissariat depuis également détruit : “Chez Fernand, c’est en quelque sorte l’annexe de la brigade. A toute heure de la journée entrent et sortent des inspecteurs. Le revolver et les menottes à la ceinture, ils viennent souvent prendre leur repas ou célébrer un évènement. En marge de cette clientèle policière, ce restaurant reçoit de temps à autre des consommateurs occasionnels qui détonnent tout à fait avec la faune locale : hommes inquiets dissimulés derrière des lunettes noires, rastaquouère de pacotille aux doigts boudineurs inondés de chevalières en or, femmes énigmatiques enveloppées dans de la peau de lapin avec des ongles vulgairement trop faits. Toutes ces personnes se rendaient à la 5ème BT, soit pour se faire entendre, soit pour venir aux nouvelles”. 

La bâtisse du 38 bis du Surmelin a également été détruite au bénéfice de la construction d’une grande barre. Son rez-de-chaussée accueille, de nos jours, la Ligue nationale de Cyclisme. Pour illustrer son propos, vous trouverez en photos : 1/ une carte postale de la rue du Surmelin (prise entre 1880 et 1945) vue sur le site de la Bibliothèque historique de la Ville de Paris. 2/ Le 64 rue du Surmelin. 3/ Le 38 & 38 bis (photos actuelles). 

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