Élue comme l’une des plus cool du monde, la rue de Belleville décroche sa place dans le classement notamment grâce à ses bouis-bouis où il fait bon manger… sur place ou à emporter. Véritable symbole d’un quartier cosmopolite, la street food bellevilloise puise son inspiration dans les valises de celles et ceux qui sont venus s’y installer au fil des siècles. Retour sur l’histoire d’une nourriture mitonnée par les gens d’ici.
Belleville, quartier populaire par essence
Si le concept a été popularisé au début des années 2000, la cuisine de rue est loin d’être née de la dernière pluie. Depuis toujours (ou presque) et partout dans le monde – bien plus ailleurs qu’en France, du reste –, ses premiers clients sont les personnes modestes n’ayant pas de cuisine chez elles qui se nourrissent donc de plats cuisinés achetés à l’extérieur. De fait, la street food est abordable et se consomme facilement sur le pouce. Et Belleville est le quartier tout trouvé pour qu’elle émerge.
Au début du 19e siècle, alors même qu’il est encore indépendant de la ville de Paris – il sera annexé au 20e arrondissement en 1860 –, le village de Belleville est habité par la classe ouvrière, venue s’y installer pour travailler dans les usines du coin. Historiquement populaire donc, le quartier est devenu une destination de choix pour celles et ceux venus d’ailleurs, avec l’intention de poser leurs valises à Paris. Aujourd’hui, Belleville se nourrit des diverses communautés qui y forgent une histoire culinaire haute en saveurs.
Le métissage de la street food par l’immigration
Tout comme le paysage commerçant du 20e arrondissement, l’histoire de la street food à Belleville s’écrit en toutes les langues. Souvent associée à la malbouffe (à tort), elle est alimentée par les vagues migratoires successives qu’a connues le quartier. Certaines l’ont marqué davantage que d’autres.
Dans les années 50, la communauté juive tunisienne s’établit aux alentours du boulevard de Belleville. Fricassés, mlawi, banatages et autres salades méchouia se font croquer par les habitants du quartier, le tout généreusement arrosé de harissa.
Quelques décennies plus tard, l’arrivée de la communauté chinoise – principalement originaire de Wenzhou – teintera durablement la street food locale. Déjà multiculturel et ouvert à la diversité, le quartier de Belleville ajoute une nouvelle corde à son arc identitaire. Et pour cause, la célébration du Nouvel An chinois est encore aujourd’hui un événement majeur du quartier.
Le Food Market, grand rendez-vous des street foodistes
Nouvelle preuve que le quartier de Belleville est bel et bien le repaire parisien de la street food, Virginie Godard y implante le premier événement de cuisine de rue de Paris en 2015. Habituée du quartier, elle imagine un concept populaire et fédérateur à ciel ouvert, qui rassemble une quinzaine de chefs et restaurateurs une fois par mois.
Depuis près de 10 ans, les mordus de street food se rassemblent sur le terre-plein central du boulevard de Belleville, entre les métros Couronnes et Ménilmontant, pour y (re)découvrir les classiques de la cuisine de rue d’ici et d’ailleurs, de la cantine de quartier au restaurant bistronomique. Le tout, à moins de 10 €. Populaire, cosmopolite et accessible, comme l’a toujours été la street food bellevilloise finalement.
Charlène Gilouppe
Rédactrice indépendante
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