LOVE STORIES – Cela fait un moment que l’on souhaite réaliser des portraits d’habitants du 20e arrondissement. Proposant à tous ceux qui le souhaitent – et qui ont une histoire à raconter, d’apparaître sur Mon Petit 20e. Fernando et Jérémie ont répondu à notre appel.
Au n°15 de la rue Saint-Blaise, le store Jaune citron du bistrot “Les Rêveuses” et sa façade vert bouteille rappellent un tableau de Van Gogh. Malgré le temps incertain et l’heure avancée, ils sont encore nombreux attablés à la terrasse qui donne sur cette charmante rue piétonne pavée. Il plane ici un air d’autrefois. Jérémie et Fernando ont choisi cet endroit pour nous rencontrer. “C’est le premier endroit où nous nous sommes rendus le jour de notre aménagement, rue Fontarabie”. Jérémie se souvient des mots de sa maman, venue prêter main forte avec son père : “Je suis heureuse de vous savoir ici. On se sent tellement bien dans ce quartier ! Je sais que vous y serez heureux.” Elle ne s’est pas trompée “le 20e est l’arrondissement idéal”.
“Tout me plaît ici, nous confie Fernando. Les gens semblent plus tranquilles que dans n’importe quel endroit de Paris. Ici, on prend le temps de se poser, d’observer, de parler. C’est important pour faire des rencontres et découvrir de nouveaux lieux : une ruelle cachée, une cour fleurie, un détail architectural.” Alors que nous échangeons, le jeune homme d’origine mexicaine s’émerveille de la présence insolite d’une manivelle en fer rouillée sur un mur fraîchement repeint. “Moi qui adore l’architecture, les objets, la déco, je suis comblé. Le 20e est un spectacle permanent une galerie à ciel ouvert.”
Un coup de cœur pour le 20e arrondissement
“C’est tellement vrai !, renchérit avec enthousiasme Jérémie. Mais une galerie vivante ! Il faut voir comment s’anime la place de la Réunion à l’heure du déjeuner et en soirée ! Avant de nous installer, nous ne connaissions du 20e que le cimetière du Père-Lachaise, un des plus beaux jardins de Paris. Mais ce qui caractérise le 20e, c’est sa vitalité, son énergie unique, à la fois douce et stimulante.”
Lorsqu’en 2018, Jérémie et Fernando se mettent en quête d’un appartement dans la capitale, Fernando suit un Master en tourisme à Paris et habite dans le 93, à Saint-Denis. Jérémie, lui, a quitté ses études en biologie pour entamer un master en médiation culturelle dans le domaine scientifique à Lyon. Ils souhaitent habiter sur la rive droite à leurs yeux “plus humaine, plus authentique” : 10e, 11e, 19°, 20e.
Jérémie craque pour l’appartement qu’ils occupent aujourd’hui, mais Fernando hésite. Un autre appartement dans le 11e le tente davantage. Alors, ils disent « oui » pour l’appartement encore en travaux situé à Oberkampf. Ils posent à peine leur valise que la vérité leur saute aux yeux : les vices cachés, insalubrité, rendent l’endroit invivable. Ils n’y passeront même pas la nuit ! Aussitôt, ils contactent le propriétaire de la rue Fontarabie. Par chance, l’appartement est toujours libre. Ils y sont toujours aussi heureux.
Comment se sont-ils rencontrés ?
Jérémie et Fernando se sont trouvés en 2016, lors d’une soirée dans les environs de Lyon. Aucun des deux n’a encore fait son “coming out”. Ils le feront ensemble. Il a suffi d’un regard pour que l’étudiant mexicain craque pour les yeux vert clair de Jérémie. Étudiant en tourisme, Fernando a quitté le Mexique où il ne se sent pas à sa place “là-bas, j’étais celui que l’on voulait que je sois. Alors je suis parti, et je suis tombé amoureux de la France et de Jérémie. J’ai enfin pu devenir qui j’étais vraiment.”
“Pour moi, c’est un peu différent, poursuit Jérémie. Je n’assumais pas pleinement mes préférences. À mes amis, je disais que j’étais “bi”. Ça se passait mieux et ça ne suscitait aucune question. Je me souviens qu’à un moment de la soirée, nous nous sommes retrouvés isolés des autres. On s’est regardé de manière intense. J’ai su alors que c’était lui. Nous ne nous sommes embrassés qu’une semaine plus tard.”
Rapidement, les amis des deux jeunes hommes sont au courant de leur relation. Pour les potes du Lycée, c’est plus compliqué… Jérémie habite une petite ville où tout le monde se connaît. C’est sa sœur Laurie qui se charge un jour de l’annoncer aux parents. ”S’ils ont eu du mal à l’accepter au début, aujourd’hui, Fernando est complètement intégré. “Ma famille l’adore ! Notre relation s’est officialisée le jour de mon anniversaire. Il était hors de question que Fernando ne soit pas là.”
“Se libérer du poids du secret”
“De mon côté, je l’ai annoncé un peu plus tôt à ma famille. La distance a sans aucun doute joué en ma faveur. J’étais en visio avec mes parents et leur ai dit en tournant l’écran vers Jérémie qui ne s’y attendait pas du tout : “Voilà, je suis gay et lui, c’est mon mec”. Ma mère était interloquée, mais mon père a su tout de suite trouver les mots justes. Avec le recul, je comprends sa réaction. Elle m’avait à plusieurs reprises demandé si j’étais homosexuel. Mais il fallait que je rencontre l’homme de ma vie pour me libérer du poids de ce secret.”
Alors que les parents, la sœur et les deux tantes de Jérémie apprécient beaucoup Fernando. Jérémie, lui, ne connaissait pas encore la famille de son compagnon. Quand, en 2018, les tourtereaux décident de s’envoler pour Cancun, la petite tribu française décide de les accompagner ! Ils vont vivre tous ensemble un mois de joie intense. Malgré la barrière de la langue, les familles parviennent à communiquer et à se comprendre. La cuisine sert de lien.
Les mamans alternent la conception de plats dont elles se partagent les recettes. Les hommes se découvrent lors d’excursions ou des expéditions courses ! “Ma mère est une excellente cuisinière et pâtissière hors pair, relate Jérémie. Pour l’anniversaire de mariage des parents de Fernando, elle a réalisé un menu français dont tout le monde se souvient !” La crise de la Covid remet à plus tard la visite de la famille mexicaine en France. En attendant, Jérémie et Fernando profitent pleinement du 20e.
Leurs bonnes adresses dans le 20e :
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Le Café sans nom (57-59 rue de la Réunion) : “Très cool pour l’ambiance cosmopolite, et pour sa terrasse qui donne sur la place de la Réunion.”
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Le café Martin (2 place Martin Nadaud) : avec son emplacement idéal, devant le Père-Lachaise.
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Le Food market : rue de Belleville, où, un jeudi par mois, a lieu un événement culinaire autour d’un voyage des saveurs, à vivre sur place ou à emporter.
- La Flèche d’or (102 rue de Bagnolet) : “Un endroit incroyable, magique, qui applique le prix libre et réserve des soirées inoubliables comme des spectacles de drag queen”
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La rue de Terre Neuve et la rue des Vignoles, où le végétal s’invite en ville pour la plus grande joie des promeneurs, ainsi que la rue Ligner, coup de cœur de Fernando.
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La Bellevilloise (19-21 rue Boyer) et ses marchés d’art et d’artisanat où “les amateurs de déco peuvent dénicher des trésors !”
Texte : Anne Josse
Photos : Gaëlle Guse
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