On connaissait la “ceinture rouge”, ces Habitations à Bon Marché construites en brique le long des boulevards des Maréchaux. On connaissait la “petite ceinture”, ligne de chemin de fer formant une boucle autour de la capitale. Mais on ne fait que maintenant la connaissance de la “ceinture verte” parisienne, née de la volonté de créer des espaces végétalisés le long du périphérique.  

C’est vrai qu’on s’était récemment fait la réflexion (en habitant à côté, et en ayant une enfant en âge de fréquenter les parcs), qu’il y a de nombreux espaces verts aux portes du 20e arrondissement. Les deux plus récents ont ouvert en 2024 : le parc Aretha Franklin Porte de Bagnolet et le Bois de Charonne, sur un tronçon de la petite ceinture entre Porte de Montreuil et Porte de Vincennes. 

Mais pourquoi autant d’espaces verts au même endroit ? Si on remonte le fil de l’histoire, cette zone frontière entre Paris et la banlieue est encerclée par les fortifications de Thiers (construites entre 1841 et 1844). Ces remparts, entourés d’une zone non aedificandi (où il était interdit de construire), ont longtemps empêché l’urbanisation dense à la périphérie immédiate de la ville. Lorsque ces fortifications ont été détruites dans les années 1920–1930, des logements sociaux, souvent entourés de jardins, ont été construits, ainsi que des infrastructures sportives. 

Puis le boulevard périphérique a vu le jour entre 1956 et 1973, apportant bruit et pollution. Pour tenter de compenser, la ville a mené, à partir des années 1960–1980, une politique d’“espaces verts de proximité”, notamment sur d’anciennes friches. L’arrivée du tramway des Maréchaux (le T3b a été inauguré en 2012) a rendu ces quartiers plus accessibles, tandis que de grands projets de réaménagement des Portes en places ont été lancés. Avec pour objectif d’améliorer la qualité de vie de ces zones denses et bruyantes et de réduire la coupure entre Paris et les communes voisines. 

En 2030, c’est une “véritable ceinture verte” qui doit voir le jour, incluant une bande de 500 mètres de part et d’autre du périphérique. Celui-ci doit être transformé en boulevard urbain, entouré de plantations “sur les files reconquises sur le périphérique (10 hectares à végétaliser) et des voies latérales, des bretelles et des échangeurs”.

Des projets de réaménagements qui s’accompagnent de nombreuses opérations immobilières, critiquées pour leur course à la rentabilité, et pour entraîner une gentrification de ces quartiers, d’où les plus défavorisés seraient chassés. Pour garantir une certaine mixité sociale, la ville de Paris maintient une part importante de logements sociaux tout en permettant l’accession à la propriété via des baux réels solidaires (BRS). Bref, un dossier à suivre !

Cartes : Atelier parisien d’urbanisme

 

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