C’est un bâtiment que vous regarderez peut-être différemment, la prochaine fois que vous remonterez ou descendrez la rue de Ménilmontant… 

Signes de reconnaissance : une forme en U et une cour intérieure arborée, refermée par une grille verte, en fer forgé. Situé à mi-pentes, au niveau d’une pharmacie, il s’agit d’un “immeuble de rapport”, c’est-à-dire construit par son propriétaire pour être loué en différents appartements et lui “rapporter” des loyers. À l’arrière, se trouvaient une usine et des ateliers appartenant à la fabrique de boutons Dargouge. 

L’ensemble fut bâti par l’architecte Adolphe Chéron, un enfant du quartier qui habitait tout près de là, au 79 rue de Ménilmontant (1875), puis au 11 de la rue Henri Chevreau (1878). Son échelle rappelle le caractère faubourien qu’avait le quartier à cette époque. Si Chéron était le propriétaire de l’immeuble, l’usine et les ateliers étaient, à la fin du 19e siècle, la propriété des Dargouge, fabricants de boutons pour l’habillement. Une affaire familiale qui semble avoir perduré quelques années, selon les indices laissés dans les archives. 

En 1887, Étienne et Auguste Dargouge sont condamnés pour contrefaçon. En 1890, la fabrique est mentionnée dans la presse en raison d’un léger incendie. En 1891, Étienne Dargouge vend son fonds de commerce à Auguste Dargouge pour “droits de fabrication de boutons”. La même année, une bagarre éclate entre un ouvrier boutonnier travaillant dans les ateliers et des enfants du quartier. En 1893, la société “Darcouge, fab. de boutons, rue de Ménilmontant” est déclarée en faillite, avant qu’une autre usine de boutons Dargouge ne soit signalée à Tours au milieu du XXe siècle. (Les premières délocalisations ?)

En 1927, l’immeuble, l’usine et les dépendances sont vendus en bloc, occupant alors une surface de 785 m2. Plusieurs autres activités s’y succéderont, aux différentes adresses : une société immobilière, une société d’outillages et de fourniture industrielle, un constructeur mécanicien… mais aussi une pharmacie, installée sur le site depuis la fin du 19e. Pour la petite histoire, Alfred Savouré, ancien maire du 20e arrondissement (1874-1879), a habité l’immeuble et  y décédera en 1913.

>> 83-85, rue de Ménilmontant.

 

Source : Le site sur le patrimoine du 20e

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