Si on y pratique aujourd’hui le basket, le handball, le volley ou le badminton, en s’inscrivant dans une des associations sportives du quartier… ce ne fut pas toujours le cas.

À sa construction en 1876, ce bâtiment fut d’abord un marché couvert. L’un des plus grands construits à cette époque. Conçu par l’architecte Auguste Magne (1816-1885), il se compose d’une halle métallique avec un soubassement en meulière surmonté de briques de diverses couleurs formant des losanges. De grandes baies vitrées sont disposées dans la partie haute des murs.

Mais le marché alimentaire n’eut pas le succès escompté. En cause : des prix trop élevés, dû à la location des emplacements – relativement coûteuse. Si bien que les habitants lui ont préféré d’autres marchés non sédentaires (appelés aussi marchés forains). En 1892, un rapport du Conseil municipal considère que ce marché ne rend “aucun service appréciable à la population qu’ils sont appelés à desservir”, avec seulement 42 places aménagées occupées deux jours par semaine, sur 161 emplacements.

La municipalité décide alors de racheter la concession octroyée à la Compagnie générale des Marchés, qui disposait d’une exclusivité des marchés dans le quartier de Belleville. Objectif : Créer un marché forain rue des Pyrénées, à l’angle de la rue de Ménilmontant. Celui-ci existe toujours aujourd’hui le jeudi et le dimanche.

En 1895, la création d’une piscine dans l’ancien marché de Belleville est réclamée par plusieurs conseillers municipaux. Un crédit de 150 000 francs est voté en 1897 pour entreprendre la construction de cet équipement, qui doit accueillir, au rez-de-chaussée, un bassin de natation, des cabines de déshabillage et de douches pour les baigneurs, et à l’étage des bains-douches de propreté. Pour un coût total de 450 000 francs.

En 1901, le crédit alloué initialement ne permettant pas de réaliser le projet dans son intégralité, seul le volet “bains-douches” se voit concrétisé, avec la création de 46 cabines. Auxquelles 24 cabines supplémentaires s’ajouteront en 1904, au rez-de-chaussée, à l’usage des femmes. “L’établissement balnéaire de Belleville” est alors le premier à réserver des cabines aux femmes et à instaurer une distinction d’accès et de niveau pour les usagers masculins, cantonnés au premier étage. Il remporte immédiatement un franc succès auprès de la population ouvrière du quartier (qui possède rarement de salle de bain) et de toute la périphérie est de la ville.

Au cours du 20e siècle, le lieu abritera également un vaste garage municipal occupé par plusieurs services de la Ville. Ainsi qu’un atelier loué à un artisan peintre en décors de théâtre. L’idée d’aménager une piscine et une maison pour les jeunes, a plusieurs fois refait surface. Mais le coût budgétaire a rendu préférable leur construction sur d’autres sites du quartier. Suite au déménagement du garage, le lieu est transformé, à moindre frais, en gymnase municipal (gymnase des Rigoles ou gymnase des Pyrénées), doublé d’une fonction de bains-douches.

>> 296 rue des Pyrénées

Source : À la découverte du patrimoine de Paris. Parcours-balade dans le 20e arrondissement https://capgeo.sig.paris.fr/Apps/Balade20e/

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