Avez-vous déjà remarqué ce bel immeuble de six étages, au début de la rue de Bagnolet ?
Construit en 1909, il s’inscrit dans la catégorie des “immeubles de rapport”. Ce type architectural, qui s’est développé au 19e siècle, consiste à concevoir des immeubles pour les louer, afin qu’ils rapportent de l’argent (des loyers) à leur propriétaire. Ainsi, la répartition des appartements par étage est standardisée, et cette régularité s’observe sur les façades. Si les immeubles haussmanniens sont, eux aussi en partie des immeubles de rapport, celui-ci n’en est pas un. D’abord, parce que les “haussmanniens”, sont bâtis en pierre de taille. Ici on a eu recours à de la brique, bien meilleur marché. Autre différence : les balcons du deuxième étage ne sont pas filants, comme c’est le cas dans le pur style haussmannien.
De plus, ce bâtiment est plus récent qu’une majorité d’hausmanniens, construit à la fin du 19e. D’après une guide, qui nous a fait visiter le quartier, l’immeuble a probablement pu bénéficier d’une innovation : l’arrivée de l’ascenseur. C’est ce qui expliquerait que le sixième étage, qui comprend lui aussi un balcon, n’est pas constitué de chambres de bonnes : il devient tout aussi prestigieux que les étages inférieurs. De nos jours, ce sont même les derniers étages (sans vis à vis, plus lumineux) qui sont les plus convoités !
De par sa qualité architecturale, cet immeuble est inscrit au titre des “protections patrimoniales” de la ville de Paris. Voici le descriptif qui en est fait : “Sa façade en brique affiche une rigoureuse symétrie (…) et offre une impression de rationalité qui n’est pas sans évoquer le souci de rentabilité inhérent à ce type de construction. Le soin décoratif est le reflet de cette recherche d’économie. La rigueur de la façade est égayée par le jeu des briques vernissées bleues, les médaillons et les consoles sculptées, les trois frontons du couronnement. Il s’agit d’un bon exemple d’immeuble destiné à la clientèle des employés des arrondissements populaires à mi-chemin entre la construction sociale et le modèle de l’immeuble bourgeois en pierre de taille de la Belle-Epoque.”
A lire aussi :
Campagne en ville : nos coins préservés préférés dans le 20e
Patrimoine : la rue Saint-Blaise, îlot préservé de l’ancien village Charonne
Habiter la Campagne à Paris : le témoignage d’Hélène qui y vit depuis 15 ans