Vous souvenez-vous d’Alizé, Corinne et Elva ? L’an dernier, à l’occasion du mois de sensibilisation contre le cancer du sein, nous avions rencontré ces trois habitantes du 20e pour vous raconter leur combat contre la maladie. Certains d’entre vous sont même allés leur parler en les croisant dans la rue ! Un an plus tard, il était temps de prendre de leurs nouvelles…

 

Alizé, 31 ans. Quand nous avions fait connaissance, elle venait de terminer sa dernière chimiothérapie, et de débuter l’hormonothérapie. Un traitement qui va durer encore 4 ans. Dans le cas de cancer hormono-dépendant, l’objectif est de bloquer la production d’hormones pour éviter le risque de récidive. “Je suis donc en ménopause artificielle, mais à côté des effets secondaires de la chimio, ce n’est pas grand chose”. Une autre étape sera la reconstruction mammaire, “mais pour l’instant, on n’a pas trouvé de prothèse adaptée à ma petite poitrine !”. 

En dehors du médical, Alizé vient de quitter son job dans l’édition, pour se lancer dans un projet artistique très personnel dont elle nous reparlera. Elle s’apprête à décoller pour Montréal, où elle va s’installer un mois pour travailler dessus. Elle a aussi quitté Télégraphe pour un appartement plus grand dans le 19e, quartier Mouzaïa (on ne lui en veut pas !) Au quotidien, elle fait plus de sport qu’avant (course, nage), pour le plaisir, mais aussi pour prévenir la récidive. Et dans sa tête ? “Le cancer m’a fait évoluer. J’ai moins peur, j’ai moins de freins, j’ose plus et je me sens donc beaucoup plus épanouie.” 

Corinne, 54 ans. Pendant la maladie, cette illustratrice n’a rien “produit”. Comme si ce cancer ne méritait pas que l’on s’y intéresse, qu’on lui accorde de l’importance. Mais une fois les traitements terminés, Corinne a ressenti le besoin de lui broder une énorme lettre. Histoire de tourner la page. Également sous hormonothérapie, elle a du mal à la supporter et des ajustements ont été nécessaires. “Quand je me lève, j’ai l’impression d’avoir 90 ans !”. 

“J’aurais bien aimé une révolution, – on a du mal à se dire que le monde continue de tourner quand on est malade – mais ma vie n’a pas fondamentalement changé”. Si Corinne continue de tenir la boutique de déco Lfabric, rue Vitruve, c’est dans sa tête que les changements sont les plus visibles : “Je dis plus facilement “non”. Je trouve ça merveilleux. Je priorise ce qui importe vraiment. Ce sont souvent les amis qui ont été merveilleux”. Elle ressent également le besoin de passer des moments seuls. Comme cette semaine solo au Portugal, il y a un an, qui va se renouveler et… pourrait bien devenir une habitude.

Elva, 38 ans. L’hormonothérapie est également au programme pour Elva, qui a repris son boulot à temps plein (pour un réseau de courtage en prêt immobilier), il y a un mois. “J’attends de voir si je tiens le rythme”, explique-t-elle par téléphone depuis le quartier Belleville, où elle réside, alors diminuée par son tout premier Covid. Un des changements dans sa vie, c’est son mari qui est devenu encore plus féru de voyage qu’avant. Thaïlande en avril, un mois dans les îles grecques cet été… La vie est trop courte pour ne pas en profiter à fond. 

Côté pro, un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) est annoncé dans sa boîte, mais Elva reste calme et attend de voir les propositions de reclassement qui lui seront faites. Sauf qu’elle est plus vigilante que les autres sur la question de la prévoyance. “On n’est pas à l’abri d’une récidive, et pour maintenir son niveau de vie quand on est en congé maladie, la question de la portabilité de la prévoyance est importante à anticiper”. Récemment, Elva a fait appel à Esther du Studio Esthy, spécialisé dans les tatouages (qui fait un ”travail extraordinaire sur les mamelons”), pour lui retirer les petites marques qui restaient de sa radiothérapie. Elles sont tracées pour savoir où placer les machines. Un bon moyen de se ré-approprier son corps et d’effacer certaines traces de la maladie.

Elva (2021)

Photos : cette nouvelle rencontre fut l’occasion d’une séance photo pour Alizé et Corinne, rayonnantes, et leurs nouvelles coupes de cheveux. (Sans Elva qui était malheureusement retenue chez elle à cause du Covid). Merci à la toujours très talentueuse Gaëlle Guse pour ces clichés.

Corinne et Alizé (2022)

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Les battantes d’Octobre Rose (1/3) : Rencontre avec Elva

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