À l’occasion du mois de mobilisation contre le cancer du sein, on donne la parole à trois habitantes du 20e arrondissement. On finit cette mini-série avec Corinne, 53 ans, mère de 3 enfants, qui tient une boutique à Saint-Blaise.
“Je vais avoir l’air trop heureuse d’avoir le cancer”, ironise-t-elle tout sourire devant l’appareil photo de Gaëlle. Cette illustratrice brodeuse nous frappe dès les premières minutes de notre rencontre par son humour plein d’autodérision. Le cancer est entré dans sa vie d’une mammographie dite de contrôle. “Je devais la faire en janvier, mais j’ai jeté le papier sans faire exprès. “. N’ayant pas l’esprit serein, Corinne se convainc de prendre un nouveau rendez-vous.
Le mauvais pressentiment est confirmé, une tumeur cancéreuse semble s’être logée dans son sein. Et là elle prend conscience : “Lorsque je me couchais le soir sur le côté, je sentais une gêne, mais je la touchais pas et je faisais surtout comme si ça n’existait pas”. Après quelques examens complémentaires à l’hôpital de la Croix Saint-Simon, le diagnostic se précise : un cancer hormono dépendant très agressif de stade 4. Elle subit une opération afin d’extraire la tumeur ainsi que des ganglions. En raison du niveau d’agressivité et des risques que celui-ci engendre, de la chimiothérapie lui est prescrite.
Les lourds effets secondaires sont là : les cheveux tombent, l’extrême fatigue, le mal de tête et les nausées régulières. Malgré ça, elle n’a jamais cessé de travailler. “J’avais chimio le lundi. Je venais le mercredi à la boutique (chez Lfabric) j’étais comme un zombie mais il y avait toute cette solidarité extraordinaire des filles du quartier qui venaient soi-disant, juste pour passer, et qui restaient plus longtemps”. Ce soutien précieux, elle l’a aussi puisé chez ses enfants : “ils me caressent le crâne avec amour, et s’en amusent parfois, comme quand mon fils m’a laissé des rouflaquettes en me rasant” .
Corinne est à présent en fin de traitement, ses cheveux ont déjà commencé à repousser. “Vous avez vu, je suis comme un petit poussin !”, se réjouit celle qui nous a bluffé par sa joie de vivre et sa force de résilience. On avait déjà été conquis par sa boutique de déco aux allures de cocon, on est ressorti ce jour-là convaincue qu’à sa tête se trouve une warrior !
Texte: Océane Caillat / Photos : Merci à Gaëlle Guse
—-
A lire aussi :
Les battantes d’Octobre Rose (1/3) : Rencontre avec Elva
Les battantes d’Octobre Rose (2/3): rencontre avec Alizé
Le fil et la main : l’association qui tisse du lien social Porte de Bagnolet