DANS LE RÉTRO. Cet impressionnant cliché, signé @rope_mending, – qui est cordiste et travaillait sur place -, nous donne l’occasion de nous pencher sur un autre pan de son histoire : quand la place de la Réunion fut occupée pendant 4 mois au printemps 1990, pour alerter sur le mal-logement. 

 

2022 : On vous a déjà présenté cette place circulaire dans un précédent post, revenant sur son histoire (elle permet la “réunion” du petit et du grand Charonne, en 1849, autrefois séparés par le mur des Fermiers généraux) et sur sa place importante dans le quotidien des riverains, avec son marché le dimanche et sa fontaine récemment remise en eau.

1986 : À la suite d’incendies criminels dans différents hôtels meublés où 22 locataires trouvèrent la mort, naît en 1986 le Comité des mal logés (CML). Un collectif de militants communistes parisiens qui squattera un immeuble du 67, rue des Vignoles. Son crédo : un logement décent et garanti à un prix raisonnable, alors que des familles sont entassées dans des taudis.

1990 : Le 2 mai, le squat est évacué par la police, et c’est sur la place de la Réunion que les ménages expulsés vont camper pendant quatre mois, jusqu’au mois de septembre. Grâce à la mobilisation de nombreuses associations, syndicats et partis politiques de gauche, un médiateur procèdera à leur relogement

Si cet épisode vous intéresse, sachez qu’un film Place de la Réunion, réalisé en 1992 par Michael Hoare, raconte cette lutte sociale. C’est également en 1990 que certains militants et associatifs créent une association concurrente, Droit au logement (DAL), qui mobilise encore aujourd’hui sur cette problématique, malheureusement toujours autant d’actualité. L’historique Comité des mal logés (CML), connu pour ses positions plus radicales, d’ultra-gauche est lui dissous en 1994. 

Pour en savoir plus :

Extrait d’un article de Libération : Des familles, jadis logées dans un hôtel meublé situé place de la Réunion, se retrouvent à la rue après l’incendie criminel de leur bâtiment. Pendant la même période, trois autres immeubles du XXe arrondissement sont incendiés avec de l’essence. Ces actes criminels feront 22 morts. Jamais la police ne trouvera les coupables. Les familles issues de l’immigration qui ont réchappé à l’incendie se retrouvent dehors, sans solution de logement pérenne. Avec le curé de la paroisse, des habitués d’un café associatif et des membres de groupes alternatifs, dont l’actuel président de Droit au logement, Jean-Baptiste Eyraud, les familles décident d’occuper un immeuble vide dont la façade donne sur la place de la Réunion. Elles squattent. Le 2 mai 1990, la police arrive à l’aube et déloge tout le monde. Quelques heures plus tard, les expulsés reviennent et s’installent sur des matelas, sous des tentes avec leurs enfants. Ils sont rejoints par d’autres familles du secteur.”

Anthropologie visuelle des mal-logés de la place de la Réunion (Paris 20ème arrondissement) par Sylvaine Conord. 

 

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