Un timbre géant flanqué de la devise républicaine et du visage de Joséphine Baker, chanteuse, danseuse et militante de la Résistance récemment intronisée au Panthéon, habille la façade du 24 rue Piat. Carole B, artiste à l’origine de cette affiche, réalise des oeuvres mêlant pop-art et engagement féministe.
Il y a quelques années, Carole B, qui a suivi une formation aux métiers de l’esthétique, vend des cosmétiques en milieu carcéral. Le travail auprès des détenus.es, le face-à-face quotidien avec de cruelles réalités décuplent son désir d’engagement. Suite à un burn out, elle quitte son emploi et se replonge dans l’art, activité qu’elle avait entre-temps abandonnée.
Après s’être longtemps intéressée au dessin, à la peinture, puis au collage/découpage, Carole se tourne vers la technique du pochoir, consistant en la reproduction de motifs par un cache empêchant la peinture d’atteindre le support. Elle s’inspire d’artistes tels qu’Andy Warhol, ou, sa plus grande influence, Shepard Fairey, notamment à l’origine du logo OBEY ou des affiches pour la campagne présidentielle de Barack Obama.
Carole assouvit son besoin d’affirmer, de crier la force et l’indépendance des femmes dans les rues, “le meilleur endroit pour s’exprimer,” selon elle. Elle en recouvre les murs de visages, de figures militantes l’ayant inspirée : Martin Luther King, Thomas Sankara, Colin Kaepernick, Angela Davis ou encore la chanteuse Beyoncé.
Certaines sont représentées sur des timbres, un objet banal, manipulé par tous, mais également formidable outil de présentation de personnages incarnant les valeurs républicaines. C’est le cas de Joséphine Baker. Contrairement à ses travaux précédents où elle a pour habitude de détourner la devise nationale, Carole a, cette fois, jugé pertinent de la laisser telle qu’elle.
“Chaque mot de la devise nationale reflète un aspect de sa vie et de ses engagements. Le mot “liberté” fait écho à sa lutte aux côtés de la Résistance française, “égalité” à son combat antiraciste et sa prise de position contre la ségrégation raciale, et enfin la “fraternité” m’évoque son choix d’adopter des enfants d’horizons et d’origines différents”, explique l’artiste.
Carole B est exposée à la galerie des Temps Donnés, située au 16 rue des Envierges dans le quartier de Belleville. Elle a également l’intention de représenter plus d’hommes sur ses affiches, afin de montrer qu’ils peuvent, eux aussi, prendre part à la lutte féministe.
Texte : Kéliane Gnali
Photo : flo.phili/instagram
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