Au cœur du bouillonnant quartier de Belleville, le dépaysement est assuré par la Villa de l’Ermitage. Longue d’à peine 150 mètres, cette petite allée verdoyante est bordée de portails en fer forgé et de maisons aux volets colorés. Rare vestige de l’ancien Est parisien ouvrier, cette ruelle peut compter sur la ténacité de ses riverains qui se battent pour sa préservation et sa défense face aux projets de la Ville de Paris et de promoteurs immobiliers.

Mentionnée pour la première fois sur le cadastre de la commune de Belleville en 1812, la Villa de l’Ermitage intègre le 20ᵉ arrondissement en 1860, comme l’ensemble de Belleville. Débutant au 14 de la rue de l’Ermitage, la Villa de l’Ermitage monte en pente douce vers le 315, rue des Pyrénées. Sur les derniers mètres, la « baïonnette » est un passage pavé plus étroit qui permet aux piétons uniquement d’atteindre la rue de Pyrénées. 

À cette époque, Belleville était un village ouvrier. Sur le haut de la butte de Ménilmontant, un réseau d’impasses enchâssées entre des immeubles haussmanniens a permis d’édifier des habitats modestes pour les riverains qui vivaient là. Ainsi, La Cité Leroy, la Cité de l’Ermitage, l’Impasse Louis Robert et la Villa de l’Ermitage constituaient ce réseau, exemple type de l’urbanisme sans fioriture qui s’était développé à partir de la fin du XIXe siècle et jusqu’au début du XXe siècle. Découpée en parcelles longues et étroites propices à la construction de maisons basses ou d’ateliers, la Villa de l’Ermitage notamment offrait la possibilité à des employés, des ouvriers, des artisans ou encore des artistes aux revenus modestes d’acquérir une habitation avec jardin. 

La « Baïonnette » de la Villa de l’Ermitage, côté rue des Pyrénées

Partie intégrante du patrimoine de l’arrondissement, la Villa de l’Ermitage est un tout aussi anarchique que chaleureux, où il fait bon vivre. Les habitations y sont simples, de formes diverses et entourées de verdures. Les petits jardins, cours intérieures et balcons sont fleuris et végétalisés avec soin par les riverains, participant au charme du lieu. Large de 5 mètres tout au plus, la Villa est envahie par une végétation luxuriante qui se pare de mille et une couleurs au fil des saisons. Aujourd’hui, la Villa de l’Ermitage est habitée par une population plus aisée.

Des riverains qui veillent au grain 

Depuis plusieurs décennies, les riverains de la Villa et des environs s’inquiètent des projets immobiliers qui planent au-dessus de leur havre de paix. En 1996, ils ont choisi de créer l’association VIVA VILLA pour préserver leur cadre de vie et mettre en lumière son patrimoine urbain et végétal. Dans ce cadre, ils réclament notamment le classement de la Villa de l’Ermitage en zone UL, correspondant aux espaces verts, de loisirs, de sports et d’accueil, pour interdire les constructions à vocation industrielle ou les dépôts de véhicules par exemple. 

En effet, les habitants tiennent à leur esprit « village », ainsi qu’au calme, à la verdure et la sécurité qui y règnent. Le caractère typique et pittoresque de la Villa de l’Ermitage favorise une vie de quartier particulièrement sympathique, où l’on se balade et se rencontre entre voisins. Ouverte à la circulation publique en 1959, la Villa de l’Ermitage n’est empruntée que par les camions de livraison et les riverains eux-mêmes – la « baïonnette » faisant office de voie sans issue pour les véhicules qui s’y aventurent, « l’attrape-nigauds » local comme le mentionne l’association VIVA VILLA sur son panneau d’affichage situé au bout de la Villa, côté rue des Pyrénées. 

Véritable facteur de cohésion sociale, l’association ambitionne également de maintenir la diversité culturelle de leur impasse, aujourd’hui portée par L’Atelier de l’Ermitage, qui donne directement sur la Villa, et le Studio de l’Ermitage, située sur la rue adjacente.

Charlène Gilouppe

Sources : 

Vie et histoire du XXe arrondissement – Hervé Manéglier – Edité par Editions Hervas (1995)

Le 20e arrondissement : itinéraires d’histoire et d’architecture –  Délégation à l’action artistique – Edité par la Mairie de Paris (2000)

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