Arrivé à l’âge de deux ans, cela fait 26 ans maintenant que Blacka L’Aigle habite, avec sa mère et sa sœur, le quartier des Amandiers. Au point d’en être devenu une figure incontournable – tout le monde le connaît – et de lui consacrer un chouette morceau -“Rue des Amandiers” (à écouter sur les plateformes de streaming).

 

Malgré la précarité, de son enfance dans le quartier, il n’en garde que des souvenirs heureux. “On a été bien anesthésié, ma mère nous a fait planer, elle a tout fait pour nous préserver, même si parfois il y avait des trucs qui clochaient, par exemple quand tu rentres et qu’il n’y a plus de télé”. Au collège, les choses se sont gâtées. Et pour cause : “Tu finis à 15h30, t’es livré à toi-même dans la rue”. C’est en classe de 4e que la réalité le percute. Son meilleur ami lui sort un jour, en bas de chez lui : “tu sais qu’en fait Blacka, la France d’en bas, c’est nous”. Ce fut un électrochoc, après l’insouciance de l’enfance. “Ma mère s’est alors souvent excusée qu’on n’ait pas de chambre d’enfant”, se souvient-il.  

Qu’à cela ne tienne, la philosophie maternelle de kiffer la vie avant tout, est bien ancrée. “Tant qu’il y avait MTV, et que je pouvais rêver d’être un jour Michael Jackson, ça m’allait”. Blacka décroche au collège, cumule les heures de colle, puis redouble sa seconde, mais finit par obtenir un Bac ES. Parler des petits jobs et missions qui l’ont fait vivoter ensuite, ne l’intéresse pas. Ce qui compte c’est “la dyna” (“la dynamique”), c’est-à-dire s’accomplir, même si les finances ne suivent pas, et que c’est la débrouille. “J’ai envie de me voir comme un aventurier”, proclame Blacka L’Aigle, qui dit écrire tous les jours. 

Un nom de scène, inspiré par New York et Napoléon 

Son nom d’artiste lui vient de sa passion pour le rap new yorkais. Dans “Holla Back”, le rappeur Fabolous lâche un gros “blacka” (l’équivalent d’un “wesh”) qui a rendu dingue le gamin des Amandiers. “Comme je suis Black, et que la première lettre de mon prénom (Adam), est un A”, ça tombait bien”. La suite, c’est une fascination pour l’histoire de Napoléon, surnommé “l’Aigle”. “C’est gigantesque ce qu’il a fait, sans nier la versatilité de l’être humain. C’est une super star des livres d’histoire”, explique Blacka.  

Ses sons, il est loin de les réaliser seuls, c’est toute une équipe, sa “famille”, qui crée ensemble, via des groupes ou des collabs. Mais leurs morceaux restent assez confidentiels, presque comme si c’était un peu voulu. “On est pas dans les chiffres, on ne fait pas de vues, pas de like, pas de promo”. Comment explique-t-il que d’autres, eux, décollent ? “C’est toujours l’histoire de différents paramètres. Il y en a qui achètent pour être visible, d’autres qui jouent les clones, jusque dans les looks similaires. Il y a aussi un manque de régularité de notre part. Peut-être aussi qu’il faut des codes et rentrer dans le moule”, se questionne-t-il. 

Envie d’écouter ses sons ? Sa dernière mixtape (compilation de chansons), titrée “Voltige”, revient sur son parcours. Il s’agit du premier chapitre d’une série autobiographique qui en comprendra cinq. Il y a un an, son morceau “Rue des Amandiers” commençait par cette phrase : “Je veux que le quartier se souvienne de moi”. T’inquiète pas, Blacka, même si t’es pas Michael, c’est déjà le cas. 

>> Ce portrait est le premier d’une série sur les talents émergents du 20e, réalisée avec le soutien de la Mairie du 20e. 

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