“Pas de justice, pas de paix”, ont scandé les manifestants, réunis ce dimanche 8 mars après-midi au départ de la place de la Réunion, dans le 20e arrondissement. A deux pas de la rue de Bagnolet, où a eu lieu l’accident de Safyatou, Salif et Ilan. 

 

Le 13 avril dernier, trois adolescents en scooter ont été gravement blessés lors d’un contrôle de police dans le 20e. Selon les témoignages d’une victime et de plusieurs témoins contactés par Street Press, une voiture de police aurait volontairement percuté le deux-roues ce qui a éjecté les jeunes sur le trottoir. Safyatou, la conductrice de 17 ans, est restée plusieurs jours à l’hôpital avec son pronostic vital engagé. Toujours hospitalisée, son état s’est stabilisé. Les deux autres mineurs de 13 et 14 ans ont aussi été blessés lors de la collision.

Les familles et leurs soutiens ont organisé cette marche pour exiger que les circonstances exactes de l’incident soient connues. Une centaine de personnes ont répondu présentes à l’appel. Le maire de l’arrondissement, Eric Pliez et un grand nombre des membres de l’équipe municipale sont venus témoigner leur soutien aux familles des victimes. Vers 16h, la place de la réunion s’est considérablement remplie et le cortège a pris son départ.

Au début de la marche, les manifestants ont entonné avec force “Justice pour nos enfants !” Fatoumata, cousine de Safyatou et Salif, nous a fait part de sa colère : “Aujourd’hui, c’est eux, mais demain ça peut être nous ou n’importe qui d’autre ! C’est important que tout le monde se mobilise parce que sinon les policiers n’auront pas du tout de scrupules à faire ce qu’ils font !”

Aussi présent parmi le cortège, des adhérents de la Ligue des droits de l’Homme sont venus exprimer leurs inquiétudes vis-à-vis d’une police de plus en plus violente. “On a constaté une augmentation des violences policières, il y a une volonté d’interdire toutes contestations et c’est une atteinte à la démocratie ! Notre rôle est d’être près des victimes”, a déclaré Nesroulah. “Ces victimes, c’est pas n’importe lesquelles : elles sont noires et maghrébines. Dénoncer le racisme de la police, c’est pour ça que je suis là”, a ajouté Henri.

Arrivée au croisement de la rue de Lesseps et de la rue de Bagnolet, le lieu de l’accident, la foule s’est immobilisée pour écouter les prises de paroles. La grande sœur de Safyatou et Salif a exigé que justice soit rendue. “Il faut que les trois policiers soient punis pour leur acte, que ça ne passe pas aux oubliettes comme les autres affaires !”, assène la jeune femme, suivi des applaudissements des manifestants. Elle a aussi remercié les personnes présentes au moment de la collision pour leur témoignage. Le courage de l’une d’elle, Méline, est salué sur de nombreuses pancartes brandies lors de la marche.

Présente dans le cortège, Assa Traoré, sœur d’Adama Traoré décédé en 2016, a rappelé que l’affaire de Safyatou, Salif et Ilan trouve beaucoup d’échos dans l’histoire de la lutte contre les violences policières : “Hier c’était Zyed et Bouna, aujourd’hui c’est Safyatou, Salif et Ilan. C’est la même chose, ils ont eu peur de la police. C’est de notre responsabilité à tous, à l’État, aux institutions de protéger les enfants. Nos enfants n’ont pas à mourir, on continue de marcher !”

Mathilde Gay

 

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