On ne les appelait pas encore H.L.M. Construits dans les années 20 par l’architecte Louis-Hippolyte Boileau (1878-1948), ces immeubles en brique longent le boulevard Mortier, au nord de la Porte de Bagnolet.
On aime la perspective qu’offre la photo, prise à l’angle de la rue Maurice Berteaux (un homme politique de la fin du 19e) et de la rue Stanislas Meunier (un géologue, minéralogiste et journaliste scientifique). (Ça vous servira peut-être un jour au Trivial Pursuit !).
Disposés selon un plan en peigne, les cinq bâtiments sont très représentatifs, par leur dimension, leur organisation et leurs façades, des ensembles de la “ceinture rouge” de Paris. Il s’agit d’immeubles édifiés sur d’anciennes fortifications, devenus des terrains militaires, puis parsemés de bidonvilles. En 1919, la ville de Paris rachète à l’État cette bande de 34 km de long et 400 mètres de large, où sera construit, bien plus tard, en 1973, le périphérique.
En plus des boulevards, sont édifiés des immeubles destinées aux moins fortunés : les HBM, habitations à loyer modéré. Entre 1921 et 1939, ce sont 58 500 logements qui voient le jour à Paris. La visée est hygiéniste : l’heure est au logement social pour limiter la propagation des épidémies dans les taudis des quartiers populaires. Si jusqu’ici la construction de logement était laissée à l’initiative privée, la loi Bonnevay de 1912 autorise (enfin) les communes et les départements à œuvrer au logement social.
Connue pour être un matériau bon marché, la brique est alors plébiscitée par les architectes. S’ils n’auront pas de gros budget pour orner les immeubles, ils redoubleront d’imagination pour égayer l’ensemble, avec une alternance de couleur dans le choix des briques, et l’ajout d’éléments architecturaux en volume (balcons, balconnets, bow-windows, corniches…). Progressivement, ces dernières années, les bâtiments sont réhabilités, pour créer des salles de bain et gagner en isolation thermique.
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