Depuis cette année, le jardin du Pavillon Carré de Baudouin, rue de Ménilmontant porte un nom lié à l’histoire de notre arrondissement : Jean-Michel Rosenfeld. L’Association d’histoire et d’archéologie du 20e arrondissement de Paris (AHAV) nous raconte son histoire.

« L’inauguration de ce nouveau nom remonte au 5 mars 2025. Cette décision fait suite à la proposition d’Éric Pliez maire du 20e arrondissement, présentée le 11 juillet 2024 au Conseil de Paris. Jean-Michel Rosenfeld a lui quitté ce monde deux ans plus tôt, le 4 mars 2023, à la veille de son anniversaire. Par sa vie, son histoire personnelle, ses engagements et les valeurs morales et philosophiques auxquelles il croyait et qu’il défendait, il était étroitement lié à notre arrondissement.

Toujours souriant et courtois, un homme modeste au regard des fonctions politiques qu’il a assumées : chargé de mission auprès du Premier ministre Pierre Mauroy (1981-1984), chef de cabinet adjoint du ministre du Travail Michel Delebarre (1984-1986)…  Il restera aussi le maire adjoint du 20e arrondissement (1984-2008), celui qui avait à cœur de se mobiliser pour soutenir la culture et le patrimoine de nos quartiers.

Fils d’une famille juive originaire d’Europe centrale installée à Paris depuis 1907, il a perdu 38 membres de sa famille dans la Shoah. Né à Paris en 1934, il a connu la guerre, un père prisonnier, l’Occupation, les menaces de rafles, le port de l’étoile jaune, qui l’ont marqués à jamais. Tout enfant, il a échappé à la rafle du Vel d’Hiv’ (juillet 1942), caché avec sa mère par la patronne de celle-ci.

L’étoile, le triangle et la rose

Toujours, il a conservé sur lui l’étoile juive qu’il avait dû porter alors et, lorsqu’il prenait la parole lors de certaines commémorations, il lui arrivait de la sortir de sa poche et son geste par surprise si émouvant augmentait encore l’intensité de son témoignage. Cette étoile existe toujours aujourd’hui dans les têtes de l’extrême droite. Jean-Michel Rosenfeld a dû y faire face : au moment des élections régionales de 2004, il a dû porter plainte contre des militants du Front National pour l’avoir publiquement traité de « youpin ».

Jean-Michel Rosenfeld a toujours parlé très librement de son riche parcours dans la franc-maçonnerie au sein du Grand Orient de France. En tant que président du congrès des loges de Paris et d’Île-de-France, c’est suite à son action que les différentes obédiences maçonniques se réunissent chaque année devant le Mur des Fédérés, au cimetière du Père-Lachaise.

Dans son livre, Lumières de l’espoir : l’étoile, le triangle et la rose, qui se lit comme un témoignage vivant, Jean-Michel Rosenfeld s’ouvre en toute simplicité, tel qu’en lui-même, à livre ouvert. Inscrit à la SFIO à la fin des années 1960, il entre en 1979 dans l’équipe parisienne de Pierre Mauroy, auprès duquel il travaille longtemps et est notamment chargé des contacts avec la presse et avec diverses associations et communautés (Juifs, Arméniens, Maghrébins, LICRA, MRAP, Amnesty International, ainsi qu’avec des obédiences maçonniques).

Puis, il rejoint le ministère du Travail dans le gouvernement Fabius. Ensuite, il devient membre de la section « Cadre de vie » au Conseil économique et social à deux reprises, et enfin sous-directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (1993-1998). Il restera un homme de confiance de Pierre Mauroy, qui en fera son conseiller spécial quand il créera la Fondation Jean-Jaurès en 1992. Totalement engagé pour la République mais libre dans ses paroles, il n’hésite pas à dire ses vérités sur son parcours des années Mitterrand, à parler de son Parti Socialiste, de sa vie privée depuis sa jeunesse, allant parfois même jusqu’à se critiquer lui-même.

Avec son soutien, le sauvetage du Pavillon Carré de Baudouin

Enfin, cet homme de culture s’est toujours tenu aux côtés de l’AHAV quand il s’agissait de se battre pour sauvegarder le patrimoine de notre arrondissement. Quand, rue de Ménilmontant, le Pavillon Carré de Baudouin a été menacé par une opération immobilière imminente, il a su relayer l’action déjà initiée par l’AHAV et son président de l’époque,Thierry Halay. Notre président avait déjà commencé à alerter l’opinion et à faire les démarches nécessaires pour sauver ce patrimoine architectural rarissime dans le 20e. »

Un article à lire en intégralité sur le site de l’AHAV : J-M Rosenfeld, nouveau nom du jardin du PCB.

Le Jardin Jean-Michel Rosenfeld / Photo Mairie de Paris

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