En passant rue Boyer, connue pour abriter les salles de concert de La Bellevilloise et de La Maroquinerie, c’est cette fois une toute autre adresse qui a retenu mon attention : L’immeuble pastel.  

Au numéro 30, mon regard s’est fixé sur cet immeuble dont les briques ont été repeintes en jaune tournesol, les volets en bleu clair et le soubassement en rose pâle. L’ensemble m’a semblé plutôt harmonieux. Mais comme on dit, les goûts et les couleurs… Au-delà de ça, comment trouver des infos sur un immeuble jugé ordinaire ?

La recherche Google ne donnant rien. Je passe un coup de fil à la seule entité domiciliée à cette adresse. Je tombe sur Alain D’if, un bijoutier qui y a eu son atelier pendant des années. Il a bien connu les propriétaires, aujourd’hui décédés, avant de lui-même prendre sa retraite en Normandie. Il m’apprend que le lieu a autrefois abrité un séchoir où les gens venaient étendre leur linge, puis une encrerie. Au début du 20e siècle, un certain Edouard Dresco, d’origine italienne, et bénéficiant d’un héritage y fait construire un immeuble. 

Avec sa femme, ils auraient exercés comme chercheurs au Museum d’histoire naturelle, et Edouard, arachnologue, aurait même des araignées à son nom. On arrive à trouver en ligne la trace de plusieurs travaux universitaires, tels que Araignées capturées en France dans des grottes ou des cavités souterraines” publié dans les Annales de la spéléologie en 1962. Ce passionné de musique et de poèmes en écrivait chaque jour pour les offrir à ses locataires, avec qui il se partageaient l’immeuble. Sans descendants directs, l’immeuble aurait à son décès été vendu à la découpe par des héritiers lointains, m’explique Alain. 

Deuxième coup de fil à mon beau-frère, architecte du Patrimoine, qui a vécu dans le 20e, et est installé dans Les Landes. Passionné par l’éclectisme de l’architecture parisienne, qu’il ne retrouve pas de part chez lui, il me semble moins séduit par l’immeuble que moi : “Un simple immeuble de rapport d’avant-guerre, d’inspiration art déco, avec des corniches en béton, des garde-corps vraiment kitchs restaurés récemment, et des gros médaillons creux, sur les corniches, au dernier étage”.

Il me conseille de me rendre sur bercail.com pour connaître l’année de construction. Vérification faite, l’immeuble date de 1930. Le site donne aussi des infos sur les dernières ventes immobilières. La dernière en date : 918 000€ pour un 88 m2 vendu en 2023. Elle est loin l’époque du séchoir à linge… 

—————–

A lire aussi :

Musiques indés : La Maroquinerie, salle de concert incontournable du 20e

Pépite art déco : l’ancienne Salle Lénine devient Le Solaris (et se loue pour des événements)

Avant-après : La Bellevilloise, de la coopérative ouvrière à la salle de concert branchée

 

 

Suivez Mon Petit 20e sur Instagram

@monpetit20e