Un HLM de 17 appartements construit par des habitants et non par un bailleur social, et qui leur appartient, telle est l’innovation portée rue Sorbier par la coopérative Utop. Un projet qui s’est étalé sur douze années, au terme desquelles les résidents ont enfin pu emménager cet été. Vendredi 27 septembre, leur immeuble ouvrait ses portes au public. On s’est inscrit à l’une des visites guidées.  

Le premier immeuble coopératif à Paris. Permettre à une coopérative d’habitants de construire leur HLM, cette petite révolution a été rendue possible par la loi Alur (2004), qui a donné un statut juridique à ce type d’habitat participatif. Alors quand en 2014, la ville de Paris lance un appel à projets pour occuper un terrain rue Sorbier, un groupe d’amis se lance dans l’aventure pour monter un dossier et postuler. Le principe de ce montage financier anti-spéculatif ? Les occupants sont collectivement gestionnaires d’un immeuble dans lequel ils louent un appartement. Pour cela, ils possèdent des parts sociales dans la coopérative (4 parts, soit 3000 € pour un couple en moyenne), qu’ils revendront au même prix le jour où ils voudront partir.

Mais comment fait-on construire un immeuble sans argent ? Premièrement, c’est une coopérative HLM Coopimo qui a acheté le terrain, l’a remis en état, et le loue à la coopérative d’habitants. Un prêt a ensuite été contracté auprès d’une banque classique pour faire construire l’immeuble, mais la Ville de Paris a aidé en se portant garante (une première pour un prêt privé !). Ce sont les loyers payés chaque mois par les résidents qui remboursent ce prêt. Enfin, un apport était nécessaire et fut avancé par Habitat et Humanisme. L’association qui lutte contre le mal-logement a avancé soixante ans de loyers pour pouvoir bénéficier de trois logements d’insertion dans l’immeuble. 

Un habitat particulièrement astucieux. Les besoins des habitants ont été pris en compte dès l’élaboration du projet qui comprend un jardin partagé (façon “théâtre de verdure”), un local à vélo, une buanderie, un toit-terrasse, un studio de répétition de musique… On a beaucoup aimé les paliers aux différents étages qui sont pensés comme des espaces de rencontre et aménagés comme un petit salon à partager avec ses voisins, où l’on dépose des jeux de société, des livres, ou un meuble à chaussures commun. Certains envisagent d’y mutualiser aspirateurs, valises, perceuses ou appareils à raclette (C’est le cas déjà d’internet, avec deux box pour tout l’immeuble, ce qui permet des économies). 

Autre formidable atout : la modularité des logements, composés de cloisons interchangeables, pour agrandir ou rétrécir les 17 appartements (qui varient du studio au 5 cinq pièces). Les loggias peuvent aussi se transformer en pièce supplémentaire. Ultime cadeau, la vue incroyable de certains appartements donnant sur le square du Docteur-Grancher d’un côté, le centre de Paris et la Tour Eiffel de l’autre. 

Une association ouverte sur le quartier. Si la coopérative Utop rassemble uniquement les résidents de l’immeuble, une deuxième association prénommée La Pastèque est ouverte à tous et bénéficie d’un local au rez-de-chaussée de l’immeuble, accessible le soir ou le week-end. (En journée, le lieu est loué à un collectif de journalistes qui y a ses bureaux) N’hésitez pas passer une tête si l’envie de créer du lien dans ce quartier vous anime.

L’entrée de l’immeuble au 46 rue Sorbier, dans le 20e arrondissement de Paris 

Une partie de la façade donnant sur le jardin en terrasses

Lieu de rencontre des habitants, un local au rez-de-chaussée comprend une cuisine partagée et donne sur une terrasse. (Tous les appartements comprennent par ailleurs leur propre cuisine privée.)

Une école du quartier en visite dans le jardin

Un plan de l’immeuble réalisé par une habitante. Une exposition au rez-de-chaussée revient sur les différentes étapes du prochain, qui a nécessité 12 ans de travail. 

Christine Milleron, habitante de l’immeuble, et l’une des membres fondatrices de la coopérative, sur l’un des lumineux paliers que comprend l’immeuble de 7 étages. 

L’un des appartements de l’immeuble conçu pour accueillir une famille, avec plusieurs enfants.

L’une des terrasses donnant sur la Tour Eiffel

Le toit-terrasse où les voisins se retrouvent et font sécher leur linge

Sur une parcelle, en face de l’immeuble, rue Gasnier-Guy, un autre projet d’habitat collaboratif pourrait voir le jour. Un permis de construire a été déposé. Photos : Pauline Pellissier

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425 € pour un 32m2 : le premier immeuble coopératif de la Capitale est enfin habité (BFM)

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