Février 2022, la Ville de Paris présentait son premier radar anti-bruit, capable de détecter les véhicules les plus bruyants. Dans la foulée, une expérimentation était lancée, grâce à l’installation de deux dispositifs, l’un dans le 17e arrondissement, l’autre dans le 20e arrondissement, rue d’Avron. Après deux ans de test, on fait le point sur la situation avec les habitants du quartier.

Souriez, votre véhicule est écouté ! Les premiers radars anti-bruit, actuellement en cours d’homologation, devraient bientôt être réinstallés en nombre dans la Capitale et commencer à verbaliser. Ce nouveau type de radars est composé de huit micros et de trois caméras. Le but premier de cet outil est de déterminer la source du bruit. Deux de ses trois caméras sont dédiées à la lecture des plaques d’immatriculation et la troisième prend des photos des véhicules dépassant un seuil de bruit. Mais est-ce efficace pour faire baisser les nuisances sonores ? 

Habitant du quartier depuis plusieurs décennies, Zoubir, 72 ans, est sceptique : “Pour ce qui est du bruit, je n’ai vu aucune différence. Il y a beaucoup de monde qui emprunte cette rue, cette mesure est bienvenue mais pas assez répandue pour le moment”. Les commerçants de la rue d’Avron ne constatent pas de baisse du niveau sonore non plus. “C’est même plus bruyant ici qu’auparavant” affirme Mme Khouildi, de la boulangerie “Le 57”.

Certains saluent tout de même l’initiative et espèrent une amélioration de leur cadre de vie. C’est le cas de Shahram Shahrvin qui exerce à la Pharmacie de la Croix St Simon : “L’idée du radar sonore est bonne selon moi, j’espère que cela va se développer. Mais au-delà du bruit, il y a un aspect sécuritaire qui est nécessaire, car certains véhicules passent trop vite dans la rue”. “Peut-être faudrait-il fluidifier davantage les axes en misant encore plus sur les transports en commun”, suggère un autre commerçant qui souligne l’amélioration du réseau de transports en vue des Jeux olympiques. Clairement, tant qu’il n’est pas visible et qu’il ne verbalise pas, le radar anti-bruit ne produirait pas les effets escomptés… 

Quel niveau sonore vaut verbalisation ? Selon Bruitparif, société responsable de la création du radar, un bruit entre 85 et 90 décibels déclenche le radar. Pour vous donner une idée, 90 décibels correspondent à des aboiements forts ou à une tondeuse à gazon. Ces bruits représentent des risques à moyen et long terme pour l’audition, pouvant aller jusqu’à des pertes auditives. 

Quel coût pour les contrevenants ? L’infraction sonore sera sanctionnée d’une contravention de 4ème classe, soit : 90 € pour l’amende minorée en cas de paiement dans les 15 jours. 135 € pour l’amende forfaitaire. 375 € pour l’amende majorée au-delà de 60 jours et 750€ pour l’amende judiciaire maximale. 

Qui sont les cibles de ces radars ? Véhicules les plus bruyants, les-deux roues thermiques sont dans le viseur du Conseil de Paris. Ils ont même fait – un temps – l’objet d’un projet d’interdiction de circulation dans la capitale de 22h à 7h du matin. Mais cette proposition, complexe à mettre en oeuvre, a été rejetée. On ne peut que vous encourager à vous tourner vers les voitures et deux roues électriques – bien moins bruyants -, vers le vélo, ou bien les bons vieux transports en commun…  

Alexis Pouillard

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