Le 20e arrondissement est un genre de bestiaire, on y croise des loups (signés @loup_y_es_tu_), des animaux en voie de disparition (collés par @theendofanimals)… mais aussi des pieuvres. Des céphalopodes – visibles sur la façade du centre Ken Saro-Wiwa (avant d’être remplacés il y a quelques jours), ou rue du Capitaine Marchal – et qui sont l’œuvre de Kraken, surnommé par Télérama, “le Docteur Octopus du street art”.
Ce pseudonyme, qui garantit l’anonymat de ce trentenaire parisien, n’a pas été choisi par hasard. Dans les légendes médiévales scandinaves, le “krakenn” est un monstre marin, une créature fantastique dotée de nombreuses tentacules capables de faire chavirer les plus robustes navires. Peintes au pinceau sur les murs de Paris, depuis 2009, ces pieuvres noires – peintes en 15 minutes parfois – sont pour son auteur un défouloir. “Je bosse la journée, ou je dessine dans mon petit atelier des choses très méticuleuses. Quand je sature, je sors dans la rue pour boire quelques bières et escalader un mur”, expliquait-il à Télérama.
Un animal fétiche qu’il peint soit de manière “vandale”, c’est-à-dire sur des façades, sans autorisation, ou bien sur commande, comme ici sur la façade du centre @centre_kensarowiwa à Buzenval (centre Paris Anim’ proposant des activités centrées sur la pratique des arts urbains). L’octopode incarne aussi un contre-pied à la société de consommation qu’il dénonce : “L’idée m’est venue un peu par hasard ; l’effet abstrait des longs tentacules me plaisait. Et puis c’est l’animal de la Mafia. J’aime bien les peindre au-dessus des banques ou des bijoutiers, comme un clin d’œil !”
L’univers de Kraken ne se limite pas aux pieuvres, il peint également, sur toile pub sur murs, des nus d’hommes et de femmes, souvent obèses et plutôt âgés. Des représentations, loin des canons de beauté, qui donnent à montrer autre chose. La vraie vie quoi. Est-ce parce qu’il “y a beaucoup de grâce dans la graisse” – propos rapporté par le blog stripart.com ? Ou est-ce là encore une métaphore de l’opulence ? Lui seul le sait. À vous surtout d’y voir ce que vous avez envie d’y voir.
📸 merci @dominique_dasse
———–
À lire aussi :
Street art : les loups sont entrés dans Paris
Street art : les saisissants pochoirs de “The end of animals”
Street art : découvrez les poulpeuses, ces créatures puissantes, farouches et sensuelles
