Street-artiste à Paris depuis 2018, Wild Wonder Woman réalise des collages de femmes aux cheveux longs et colorés, nues, et souvent les yeux fermés. Ses œuvres, reflet de son monde intérieur, délivrent un message aux valeurs féministes et écologistes.
Wild Wonder Woman (qui a souhaité rester anonyme) a commencé à coller dans la rue il y a cinq ans, en 2018. Auparavant, elle dessinait chez elle : “C’était une pratique personnelle, un peu de l’ordre du thérapeutique”. Puis, à un moment de sa vie, le besoin de liberté s’est exprimé, alors elle s’est lancée : “J’ai collé une fois et c’était une sensation incroyable ; ce sentiment d’être libre et de se réapproprier un peu l’espace public.” Le choix de son pseudonyme fait d’ailleurs écho à ce sentiment de liberté : “Je voulais qu’il parle de la puissance des femmes, le côté super héroïne, ultra féminin, puissant de Wonder Woman. Je voulais aussi le côté naturel, sauvage, moins dans la lumière. Du coup, je trouvais que Wild Wonder Woman ça sonnait bien.”
Dans ses œuvres, Wild Wonder Woman dessine des femmes nues, douces, délicates, aux longs cheveux colorés, parfois avec les yeux fermés. Pour elle, ces dessins sont une manière d’exprimer une ou plusieurs de ses émotions. C’est un travail intérieur, profond qui se retrouve à l’extérieur, dans la rue. Ces représentations de femmes et de leurs émotions montrent “la manière dont on est multiple en tant que femmes”.
Dans les collages de Wild Wonder Woman, on retrouve aussi la présence d’éléments naturels, notamment de fleurs qui sont à la fois symboliques : “Je trouve que c’est un bon symbole de la vie ou des émotions parce que ça pousse, de toute sa beauté et ensuite, ça fane.”, mais aussi écologiques : “Moi, à la base, j’ai fait des études pour travailler dans l’environnement, je voulais sauver la planète : échec total, vu où on en est. Je suis très éco-anxieuse, je reste très sensible à ces questions-là et c’est quelque chose qui me touche.” Elle a d’ailleurs participé à Lance ton Grain de Sel, un festival écoféministe et à l’ouvrage collectif écologiste Après la pluie.
Malgré sa participation à différents évènements, Wild Wonder Woman ne gagne pas sa vie avec ses collages, loin de là : “J’ai déjà un boulot à côté. Du coup, je ne gagne pas du tout ma vie avec ça.” Vivre de son art, ce n’est pas son intention, au contraire : “Moi, ça me permet de vivre mais pas vivre dans le sens financier, vivre dans le sens de pouvoir m’exprimer et vivre selon mes valeurs.”
Pour retrouver les œuvres de Wild Wonder Woman, il suffit de se balader dans les rues du 20e arrondissement, notamment rue des Cascades ou du côté de la Villa Faucheur où l’on peut voir son plus ancien collage, datant de plus de quatre ans. Au départ, elle collait en banlieue parisienne, près de chez elle, mais ses collages étaient retirés en moins d’une heure. Alors, elle a changé sa stratégie et est venue découvrir les quartiers du 20e : “C’est comme ça que j’ai découvert des quartiers, que je connaissais déjà, mais de manière un peu différente parce que je viens coller tôt le matin et c’est toute une ambiance Paris qui se réveille le matin, c’est super agréable.”
Laurane Charpentier
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