“Paris dérangé par le bruit des avions“, l’article du journal Le Monde, qu’on vous a partagé ce lundi, vous a fait réagir. On a reçu pas mal de messages d’habitants du 20e arrondissement qui constatent des passages plus fréquents au-dessus de leurs têtes.
“Depuis quelques mois (secteur Pelleport), on entend en effet les avions la nuit, comme chez mes parents qui sont sous le couloir aérien à Beauvais.” “Je confirme, les avions passent très bas, et sont très bruyants”. “Je commençais à me poser des questions ,car on entend de plus en plus souvent des avions ces derniers temps “. “Depuis plusieurs jours, on se fait la remarque. Mes petites filles disent que ce sont des avions de chasse, mais cela ne colle pas avec le bruit, la durée et l’altitude.”
Sur le papier, pourtant, il n’y a pas plus d’avions qui survoleraient Paris, rapporte Le Monde. Les derniers chiffres remontent à juin 2023 (142 survols quotidiens, contre 189 en 2022 et 168 en 2019), nous n’en avons pas trouvé de plus récents. Cet été, un article du Parisien abordait également le sujet. Gilles Leblanc, président de l’Acnusa (Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires) y expliquait que seuls 10 % des avions qui survolent Paris le font à moins de 3 000 m d’altitude, mais que pour certains avions en approche pour Le Bourget, on peut parfois être à 2000 mètres. “Forcément, les gens vont davantage les remarquer”. Même si “la perception visuelle et du bruit est inégale selon les personnes”.
Pour en savoir plus, sur ce ressenti, on a contacté l’association Advocnar (association de défense contre les nuisances aériennes), très mobilisée en Ile-de-France. Sa secrétaire nous indique que les appels des Parisiens sont plus nombreux qu’avant, notamment en provenance du nord-est de la Capitale, du 18e, 19e et 20e arrondissement. En cause, selon elle : l’augmentation du prix des carburants qui nécessiterait des mesures d’économie telles que des trajets optimisés et des décollages plus bas, avec des virages plus courts, entraînant un survol plus fréquent de Paris.
Certes, la direction générale de l’aviation civile (DGAC) interdit le survol de Paris en dessous de 6 000 pieds, soit 1 950 mètres. Mais même à 2000 mètres, un avion fait du bruit, nous précise l’Advocnar. Pour y remédier, elle réclame un couvre-feu nocturne pour le fret (le transport des passagers n’est pas autorisé entre 23h et 5h du matin) et l’interdiction à Roissy des avions-cargos les plus anciens, qui sont les plus bruyants. De plus, l’association alerte sur de nouvelles nuisances potentielles, celle des survols en hélicoptères électriques au-dessus de Paris, à 300 mètres du sol, à l’occasion des Jeux Olympiques.
“Des avions à 10 000 mètres au-dessus de Paris, il en a toujours eu”, nous explique par message un contrôleur aérien à Roissy, qui habite le 20e arrondissement depuis 15 ans. “Rien n’a changé dans les trajectoires, en dehors de quelques compagnies aériennes du Moyen-Orient qui passent au-dessus de Paris puis à l’est de la France, au lieu de survoler le sud de Paris puis l’Italie”. Selon lui, notre ressenti est basé principalement sur des perceptions, et non sur une réalité statistique. Néanmoins, il avance une explication : “Les avions dernière génération ont des feux anticollision (un feu rouge clignotant sous l’avion) à LED qui sont beaucoup plus puissants que les “vieux” avions, si bien qu’on les voit de beaucoup plus loin, surtout la nuit.
Bref, si désormais vous remarquez un peu plus souvent les avions… il se pourrait que ce soit un peu de notre faute : on aura attiré votre attention dessus. Pour finir, on notera que vous êtes plusieurs à nous avoir répondu – à raison – que d’autres nuisances apparaissent pour vous comme encore plus gênantes au quotidien. La palme revenant aux camions, voitures, scooters et motos. Et oui, la vie en centre-ville revêt bien quelques désagréments…
Le ciel de Belleville, pris en photo au petit matin par Gaëlle Labarthe
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