Ce fut une expérience singulière du confinement, en plein 20e arrondissement. Au Pressoir, grand ensemble des années 60, où vivent 2 000 habitants (l’une des plus grandes copropriétés de Paris, près du métro Couronnes), des concerts avaient lieu le soir dans la cour, et une grande solidarité intergénérationnelle s’est installée. 

 

Résidente des lieux et photographe de métier, Magali Delporte a souhaité documenter cette histoire atypique, dans un quotidien profondément chamboulé. Ses clichés ont donné naissance à un livre photo, qui vient de sortir, agrémenté des textes du sociologue et historien Ivan Jablonka et du journaliste Fabrice Arfi. “Je pense que cet ouvrage raconte bien l’esprit de l’est parisien comme je l’ai connu depuis mon arrivée en 2004 dans cet arrondissement”, explique Magali. 

“Quand, au mois de mars 2020, le premier confinement s’est abattu sur la France, un étrange phénomène s’est produit dans le quartier de Belleville-Ménilmontant, au nord-est de Paris : nous, les 2 000 habitants du Pressoir, nous sommes retrouvés. Condamnés au dedans, nous avons inventé notre dehors. Des concerts improvisés, des cours collectifs, sous l’arbre, pour les petits. Des petites solidarités entre générations. Des désagréments aussi, bien sûr, comme dans un village… Et, au milieu de ce drôle de laboratoire existentiel, sorte de kibboutz urbain placé sous la cloche d’une pandémie, il y avait Magali Delporte, “notre” photographe, qui a saisi ces instants uniques qui ont fait du Pressoir l’un des secrets les mieux gardés de Paris.” Fabrice Arfi

“La ville bruissait. Dans ses interstices, la vie avait continué. C’est ce que montre le travail de Magali Delporte. Et si les livraisons de légumes dessinaient une utopie politique ? Et si c’était la ville de l’avenir qui s’inventait là ? Magali Delporte n’a pas cherché à montrer la face obscure du Covid, avec ses ambulances et ses morts. Elle s’est laissé guider par ce qui l’intéressait : la vie des gens.” Ivan Jablonka

>> La Résidence de Magali Delporte aux éditions Intervalles (34 €). Le lancement du livre est couplé avec une exposition photo le 16 et 17 mars à l’agence Signatures, 70 rue Jean-Pierre Timbaud, Paris 11e. 

“Sur le fil WhatsApp, on peut lire le 28 avril : « Ce soir, le concert sera placé sous le signe de la jeunesse avec Lina et Malou, 9 ans. Deux chansons, une d’Amel Bent et une de Demis Roussos version Kids United. Rendez- vous habituel à 19 h 30 dans la cour du bas et 19 h 45 dans la cour du haut. Respect des distances de sécurité. S’il vous plaît, pas de public à proximité. À vos fenêtres pour les encourager. Vive le Pressoir, vive la Résidence.”

 

“Louis s’entraîne à la boxe anglaise plusieurs heures par jour. Très vite, huit adolescents se sont joints à ses entraînements de 19 heures. L’étudiant en Master de géographie arrivera dans deux ans sur le marché du travail et s’inquiète des conséquences du coronavirus à moyen et long terme.”

 

Lucy pose pour un magazine qui titre : « Que ferons-nous pendant les vacances si on ne peut pas s’éloigner de notre domicile ? » Elle incarne Hermione, son personnage préféré de la saga Harry Potter.

—————

A lire aussi :

Belleville : la résidence du Pressoir objet de reportages sur France Inter

Belleville : rencontre avec Dugudus, graphiste, illustrateur et affichiste engagé

Le Fanzinarium, une bibliothèque dédiée aux fanzines dans le quartier Réunion