Si seulement tous les logements sociaux pouvaient être d’apparence aussi beaux !
Rendez-vous au 5/7 rue d’Annam (près de Gambetta), pour découvrir ce porche monumental, appartenant à un ensemble d’Habitation Bon Marché (HBM) : Le Groupe des Maisons Ouvrières. C’est une fondation, financée par Madame Amicie Lebaudy (dont la famille a fait fortune dans le raffinage du sucre), qui a œuvré à la création de ces logements, destinés aux familles modestes. Une décennie avant que la Ville de Paris ne se lance à son tour dans le logement social.
Construits en 1913 par l’architecte Auguste Labussière, ces immeubles en briques “présentent toutes garanties au point de vue de l’hygiène”, précise une inscription à l’entrée. Alors que les familles ouvrières s’entassent dans des taudis, une certaine élite prend, en effet, conscience de l’importance de l’hygiène et des conditions de vie pour le développement d’une société plus juste. Et ces immeubles se voient donc appliquer les théories du mouvement hygiéniste : ils s‘organisent autour de vastes cours aérées afin d’apporter de l’air sain et de la lumière. Certaines travées bénéficient de loggias, certains étages sont dotés de balcons.
Mais il est aussi question de créer du lien social, en gardant une grande place aux espaces communs (laverie, salle de lecture, fumoir…), et un donnant un rôle de suivi aux gardiens, qui agissent presque comme des assistants sociaux, “afin que les familles arrivantes soient sensibilisées à l’hygiène, à l’entretien de leur logement et même à l’éducation de leurs enfants”. Un siècle plus tard, la Fondation Lebaudy compte 2 400 logements à Paris et en proche banlieue, logeant environ 6 500 personnes (au travers de partenariats avec les Ministères, la Préfecture de Police, Action Logement, la Ville de Paris et la Préfecture de Paris).