Alors qu’à la Grande Halle de La Villette, l’exposition-événement “Ramsès et l’or des Pharaons” se poursuit jusqu’au 10 septembre 2023, on s’intéresse à l’égyptologue Jean-François Champollion (dit Champollion le Jeune), décodeur des hiéroglyphes, il y a 200 ans.
Le Père Lachaise est créé en 1804, soit six ans après la campagne d’Égypte décidée par Bonaparte. La mode égyptienne est entrée par la suite dans notre cimetière : nous y croisons de nombreuses sépultures en forme d’obélisques et autres pyramides. Champollion y est pour beaucoup et en premier lieu pour lui-même puisqu’un obélisque est posé sur sa propre tombe.
Champollion, l’autodidacte de génie
Champollion est surdoué pour l’apprentissage des langues : il apprend tout jeune l’hébreu, l’arabe, le copte… et même le chinois. Il est ainsi bien prédisposé pour aboutir dans ses recherches. Au moment de l’expédition de Bonaparte, les soldats français découvrent en 1799 une pierre à Rosette. Lui n’avait alors que 9 ans, et il ne partira en Égypte qu’en août 1828.
Mais son frère Jacques-Joseph – bibliophile et féru d’antiquité, futur conservateur de la Bibliothèque royale puis professeur à l’école des Chartes – fera tout pour participer à cette expédition : sans succès pour autant. Cette pierre de Rosette va faciliter grandement ses recherches en lui donnant une clé de compréhension, les repères grâce à un même texte traduit en trois langues sur ce même support : en grec ancien, en démotiques et en hiéroglyphes.
Avec l’aide d’une copie de cette pierre, de son génie érudit et le soutien permanent de son frère Jacques-Joseph dit “Champollion l’ainé”, la recherche de “Champollion le jeune” finira par porter ses fruits. À 32 ans, en déchiffrant la pierre de Rosette, il finit par découvrir enfin le mystère des hiéroglyphes. Nous sommes alors le 14 septembre 1822 et, bien après l’expédition de Bonaparte. Son immense découverte va prendre une place majeure dans la création d’une nouvelle science : l’égyptologie.
La cause exacte de sa mort n’est pas connue
“Champollion le jeune” meurt le 4 mars 1832. Il avait alors 41 ans. La cause exacte de sa mort n’est pas connue, probablement du choléra, qui s’abat sur Paris en mars. Les obsèques ont lieu le 7 mars à l’église Saint-Roch. Il est enterré, selon sa volonté, près de son ami Joseph Fourier décédé deux ans avant lui, un mathématicien qui a fait partie de la campagne d’Égypte avant de devenir préfet. Fourier s’était lié avec les frères Champollion et avait soutenu « le jeune » dans l’aboutissement de ses recherches. Mais Champollion partage notre cimetière-musée avec d’autres personnages liés à l’Égypte ancienne. Comme Vivant Denon, fondateur du musée du Louvre, égyptologue et qui a participé à la campagne d’Égypte de Bonaparte.
Enfin, en ce qui concerne l’obélisque de la place de la Concorde, il aura fallu 5 ans à l’ingénieur polytechnicien Apollinaire Lebas (au Père Lachaise, lui aussi avec un obélisque sur sa tombe) pour faire ériger ce monument, en commençant en 1831 par la construction d’un bateau sur mesure, jusqu’à sa mise en place finale en 1836. Aujourd’hui, l’obélisque est présenté comme « le plus ancien monument de Paris » … si l’on considère la date de création de l’œuvre. Robert Solé, journaliste et historien français né au Caire en 1946, le souligne ainsi : « L’obélisque de la place de la Concorde a été taillé en Égypte alors que l’ancienne Lutèce n’existait même pas. »
>> L’intégralité de l’article “Ramsès, Champollion et l’Égypte” est à lire sur le site de l’AHAV, l’association d’histoire et d’archéologie du 20e arrondissement de Paris.
Tombe de Champollion le jeune au Père Lachaise, restaurée en 2021-PG
Détail de la tombe de Champollion avec un chat miniature, simplement posé sur le rebord en bas, symbole de la déesse maternelle et protectrice-PG
Tombe de Fourrier, près de celle de Champollion- restaurée en 2022, en attendant son buste -PG
Tombe d’Apollinaire Le Bas, avec au bas de son obélisque un bas-relief représentant l’érection du monument place de la Concorde-PG
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