Maison Auvinet, située au 102 rue de Belleville – entre 1927 et 1938 (Source)

 

Avec près de 190 000 habitants au compteur, le 20e arrondissement de Paris – le deuxième plus peuplé de la Capitale – est décidément un endroit dans lequel on vit. Populaire et cosmopolite, le paysage commerçant bat au rythme de ses quartiers les plus emblématiques, de Belleville à Ménilmontant en passant par Gambetta. Mais surtout, il puise sa singularité dans son Histoire : faubourgs festifs, quartiers ouvriers et terre d’accueil migratoire. 

 

De la ruralité aux vagues migratoires

Région agricole au Moyen-Âge avec des cultures viticoles et maraîchères, le futur 20e arrondissement de Paris voit son économie évoluer à partir du XVIIIe siècle avec la construction du Mur des Fermiers Généraux. À vocation fiscale, ce dernier est érigé sur les actuels boulevards de la Villette, de Belleville et de Charonne, pour prélever l’impôt sur les marchandises qui entraient dans la Capitale. 

Les bourgs et villages se situant au-delà de l’enceinte financière de Paris deviennent un lieu de prédilection pour l’ouverture de lieux festifs, où le vin y est bon marché – car moins taxé qu’en ville. Les Parisiens font le déplacement pour venir festoyer dans les fameux cabarets et guinguettes de Belleville.

La révolution industrielle marque un nouveau tournant. À partir du XIXe siècle, les industries choisissent l’Est parisien pour installer leurs usines, amenant avec elles une population ouvrière qui y pose également ses valises. Les petits commerces se développent alors progressivement pour répondre aux besoins de ces nouveaux arrivants. Fidèles au passé festif des alentours, les échoppes de vin constituent malgré tout la moitié des commerces du coin.

Maison Chevillot, située au 261 rue des Pyrénées – 1911 (Source)

Populaire par essence, le 20e arrondissement de Paris est le théâtre de vagues de migration successives à partir du XXe siècle : juive d’Europe centrale à la fin de la Première Guerre Mondiale dans le quartier de Belleville-Ménilmontant ; italienne dans les années 30 à Charonne ; juive tunisienne à partir des années 50 ; puis asiatique, antillaise et africaine dans les années 80. Aujourd’hui, le paysage commerçant du 20e arrondissement de Paris est à l’image de son Histoire : singulier, populaire et cosmopolite.

Moins de commerces, plus d’habitations

Depuis 2000, la Ville de Paris, la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) et l’Atelier Parisien d’URbanisme (Apur) établissent un inventaire des commerces parisiens. Mon Petit 20e s’est plongé dans les données de la dernière enquête, datant d’octobre 2020. Actuellement, le 20e arrondissement de Paris abrite près de 3 000 commerces et services commerciaux. Avec 14 commerces pour 1 000 habitants, le 20e est finalement pourvu d’assez peu de commerces ; le tissu commercial y est d’ailleurs deux fois moins dense que la moyenne parisienne ! 

Commerces de bouche, situés sur la place Édith Piaf – 2024

Parmi les singularités de l’arrondissement, on retrouve une surreprésentation des commerces alimentaires, qui représentent 12% des enseignes commerciales (soit 3 points de plus que dans le reste de la ville). Ils sont principalement concentrés le long des rues d’Avron, de Bagnolet, de Ménilmontant et de Belleville. 

Quartier plutôt résidentiel que touristique, les hôtels ne représentent qu’1% des commerces de l’arrondissement. C’est 20 fois moins que le reste de la ville ! À l’inverse, les enseignes de services (banque, salon de coiffure, laverie…) représentent 22% du tissu commercial du quartier, là où le chiffre descend à 9% à l’échelle de Paris. Enfin, six marchés alimentaires prennent possession des trottoirs du 20e pour compléter le paysage commerçant du quartier : Belgrand, Davout, Télégraphe, Mortier, Pyrénées, et Réunion. 

Le paysage d’aujourd’hui, et de demain ?

Si la vie de quartier du 20e arrondissement a longtemps été rythmée par les commerces populaires, l’apparition des grandes surfaces dans les années 60 et la multiplication des chaînes de magasins ont remplacé progressivement les boutiques indépendantes – dernier exemple en date, l’arrivée du chocolatier Leonidas sur l’avenue Gambetta, face à la station de métro Pelleport, à la place d’un magasin de vêtements. 

L’attractivité foncière de l’arrondissement a également apporté sa pierre à l’édifice, avec l’arrivée de jeunes actifs et de familles, renouvelant de fait l’offre des commerces du quartier avec l’ouverture d’épiceries vrac, de magasins bio et autres coffee shops

Bar-tabac et épicerie fine, situés rue du Capitaine Ferber – 2024

Dernier point, et pas de moindre : l’inventaire des commerces parisiens nous apprend que la vacance des locaux est plus élevée dans le 20e arrondissement que la moyenne parisienne – il en aurait environ 500 espaces vides actuellement. L’occasion pour nous de vous demander (et de peut-être faire naître de nouvelles vocations) : quels commerces manquent-ils dans le 20e arrondissement, selon vous ?

 

Charlène Gilouppe
Rédactrice indépendante

Sources : 

1/ L’histoire économique du 20e : un territoire de tradition et d’innovation – Mairie du 20e

2/ A quoi ressemblait le mur des Fermiers généraux qui entourait Paris au XVIIIe siècle ? – Culturez-vous

3/ Il était une fois le 20e… Les Guinguettes de Belleville – Mairie du 20e

4/ Application de cartographie sur les commerces à Paris – APUR

5/ Les commerces par commune ou arrondissement – data.gouv.fr

 

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