Depuis mercredi soir, près de 200 personnes, dont de nombreuses familles avec enfants, sont rassemblées place Gambetta, devant la mairie du 20e arrondissement pour réclamer une solution d’hébergement. Dans l’attente, la solidarité s’organise à l’échelle de l’arrondissement.
Que se passe-t-il ? Depuis mercredi soir, ce sont 200 personnes sans-abri, dont 80 à 90 enfants (incluant des nourrissons) qui dorment devant la mairie du 20e arrondissement, par manque d’hébergements d’urgence, alors que le 115 est saturé. En se rassemblant ici, ces familles – majoritairement originaires d’Afrique de l’Ouest, d’Europe de l’Est et d’Afghanistan, mais aussi françaises – espèrent obtenir une solution d’hébergement durable en Ile-de-France. Comme bien souvent dans ce genre de situation, l’état (dont c’est la compétence) et la mairie de Paris (sollicitée par les associations) se renvoient la balle. Pour éviter la pluie des derniers jours, certains groupes se sont réfugiés dans le métro, sous des kiosques, sous des porches, à proximité.
Qui coordonne la mobilisation ? Créée il y a 10 ans, Utopia56 se présente comme une association humanitaire, de mobilisation citoyenne et de défense des droits des personnes en situation d’exil et de migration. (L’asso dispose d’un lieu d’hébergement temporaire à Bagnolet, qui n’est pas suffisant pour faire face aux besoins). Dans un article publié jeudi par France 3, l’association déplore les choix de politiques de l’état, qui supprime « toujours plus de place » et « refuse de régulariser les personnes », pour « créer un sentiment de submersion migratoire », (…) « alors qu’il y a des millions de logements et des millions de mètres carrés de bureaux vides ». Aux dernières nouvelles, l’association demandait l’ouverture d’un gymnase pour permettre une mise à l’abri. Si vous souhaitez être informés de l’avancée de la situation sur place, suivez le compte Instagram @Utopia56paris (notamment en story).
Pourquoi le 20e arrondissement a-t-il été choisi ? Les familles présentes devant la mairie ne viennent pas toutes du 20e arrondissement de Paris. La place Gambetta semble avoir été choisie car le maire du 20e, Eric Pliez est aussi le président de Paris Habitat (le principal bailleur social de la Ville de Paris), et qu’il plaide pour une meilleure prise en charge des sans-abris. Il fut aussi président du Samu social (le dispositif d’urgence qui apporte une aide immédiate aux personnes sans domicile fixe) et président de l’association Aurore (qui accompagne les personnes en situation d’exclusion ou de précarité).
De plus, le 20e arrondissement est l’un des plus à gauche de Paris, ce qui a permis de nombreux gestes de solidarité au niveau local, avec des commerçants, des habitants, qui ont fourni de la nourriture et des produits d’hygiène. “Nous avons pu compter sur une solidarité à toute épreuve des habitant.es du XXe arrondissement et alentours : commerçant.es, propriétaires de cafés et restaurants, parents d’élèves, associations et collectifs, riverains, fanfares, mouvements politiques, médecins et infirmières du quartier, mais aussi la mairie du 20e, qui fait ce qu’elle peut à son échelle”, écrit ce dimanche soir l’association.
Que faire si on souhaite aider ? Alors que la température va chuter cette nuit, il manque des tentes, des bâches, des couvertures/couvertures de survie pour tenir dehors malgré la météo. Parmi les autres besoins essentiels recensés ces dernières heures : gel douche, shampoing, déodorant, chaussettes femme/enfant, couches T5/T6. Une pétition a été lancée sur change.org, une collecte en ligne permet de récupérer des dons (via l’association Utopia56), tandis que de nouveaux bénévoles sont recherchés.
Mise à jour le 17 novembre : à 1h30 du matin, la nuit dernière, la mairie du 20e a ouvert ses portes aux familles pour les mettre à l’abri, afin d’éviter un drame. Elles devraient ensuite être redirigées vers un gymnase.
Photos : @carlos_arbelaez__ & @Utopia56paris


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