Si en ce mois de juin 2023, une nouvelle page se tourne dans la guerre en Ukraine, les conflits entre les deux pays ne datent pas d’aujourd’hui. La contre-offensive ukrainienne actuelle entamée sur leur territoire occupé, nous donne l’occasion de faire un rappel, à travers notre arrondissement et le Père Lachaise, des conflits russes liés à l’Ukraine. Et à la France au 19e et au 20e siècle.

L’Ukraine est un État indépendant qui a fait partie des membres fondateurs de l’ONU en 1945. Dans son histoire, elle a vécu plusieurs conflits militaires avec la Russie. Rappelons également qu’au 19e siècle la France avait fait face à la Russie à plusieurs occasions. À travers le Père Lachaise, nous pouvons en retracer quelques liens, y compris celui des russes et de l’URSS comme alliés lors de la seconde guerre mondiale. En voici la chronologie.

Le tsar envahit Paris

Déjà en 1814, la France napoléonienne est attaquée par la Russie avec la majeure partie des forces européennes coalisées. Une guerre qui se terminera par  la bataille de Paris  : le 31 mars, le tsar Alexandre 1erentre pour la première fois dans la capitale à la tête de huit troupes alliées.

Cette guerre atteindra le haut de la colline de Charonne. Les élèves des écoles militaires de Polytechnique et d’Alfort (école vétérinaire) se retranchent dans le cimetière du Père Lachaise et perdront cette bataille. Plus globalement, cette guerre aboutira quelques jours plus tard à l’abdication de Napoléon.

Balzac a vécu deux ans en Ukraine

Au Père Lachaise, la tombe d’Honoré de Balzac fait partie de celles qui sont les plus visitées du cimetière. Balzac a passé deux ans de sa vie en Ukraine, au village de Verkhivnia. Il a rejoint la noble polono-ukrainienne Eve Hanska et tous deux finiront par se marier dans ce pays.

L’empire français et la Crimée

Quarante ans après son oncle conquérant, Napoléon III se retrouve avec le même ennemi russe, mais cette fois-ci en Crimée et seulement en soutien. En 1853, la guerre de Crimée est déclarée contre l’empire russe et sa volonté d’expansion territoriale, avec les anglais venus  aussi protéger l’empire ottoman contre l’envahisseur.

Cette même année à Paris, à la faveur de ce soutien français, l’ambassade ottomane négocie l’ouverture d’un carré musulman au sein du Père Lachaise. Le conseil municipal du 17 juin 1853 en autorise sa création qui sera validée trois ans plus tard par un arrêté du préfet de la Seine Haussmann « pour l’inhumation des personnes décédées à Paris professant la religion mahométane ».

Deux communards liés à la Russie

Puis en 1871 arrive la Commune de Paris dont nous avons commémorée le 150ème anniversaire l’an dernier. Et pour mémoire, une célèbre militante féministe russe, Élisabeth Dmitrieff, était venue ici y participer activement. Cette révolutionnaire s’ était engageé auprès des communards et, avec Nathalie Lemel, avait fondé l’Union des femmes pour la Défense de Paris et les soins à donner aux blessés.

Au Père Lachaise, un autre acteur de la Commune : Adrien Lejeune. Né à Bagnolet, il a brandi à Belleville le drapeau rouge et a été par la suite considéré comme le dernier d’entre eux à avoir vécu aussi longtemps après la Commune. Il finira sa vie en URSS, depuis son arrivée en 1928 jusqu’à  sa mort en 1942. Il était alors agé de 94 ans.

À Moscou, un monument à la gloire d’Adrien Lejeune a été érigéautour du kremlin. Enfin, à l’occasion du centenaire de la Commune, le Parti communiste français fait rapatrier ses cendres au Père-Lachaise le 23 mai 1971…

>> La suite de l’article est à retrouver sur le site de l’Association d’Histoire et d’Archéologie du Vingtième arrondissement (AHAV)

Monument aux combattants russes au Père Lachaise, entrée Gambetta-PG

———————-

A lire aussi :

Mort de l’avocat Georges Kiejman : c’était un gamin de Belleville

Avant-après : La Bellevilloise, de la coopérative ouvrière à la salle de concert branchée

Avant-après : le passé champêtre de la rue du Retrait