93 et 95 avenue Gambetta, 1 et 3 rue de la Chine et 43 rue des Gâtines. Plusieurs adresses pour un même ensemble d’immeubles. Mon Petit 20e revient sur l’histoire de ce bâtiment qui vous est peut-être inconnue.
1878, François-Adolphe Bocage intègre l’École des Beaux-Arts de Paris. Le futur architecte n’a alors que 18 ans. Des décennies plus tard, en 1902, on le retrouve au concours de façade de la ville de Paris. Il y est primé pour son immeuble 133 boulevard de Ménilmontant, dans le 11ème. Il fut aussi l’architecte de l’hôtel Mignot à Reims, construit en 1911. Mais c’est l’année 1908 qui nous intéresse. Année de début des travaux de nos immeubles du jour, concentrons nous sur le plus remarquable : celui du 93-95 avenue Gambetta.
Un riche manteau d’algues orne la façade
Bocage fait appel au céramiste Alexandre Bigot pour se charger des ornements couvrant la façade en brique. Les motifs sont faits de grès cérame, un matériau connu pour sa forte résistance face aux caprices de la météo. C’était donc le matériau parfait et pour preuve, il tient encore le coup aujourd’hui ! Si vous y passez, jetez un coup d’œil aux motifs végétaux dont l’irrégularité donne l’impression d’un riche manteau d’algues. C’est l’un des éléments qui fait l’originalité de l’immeuble.
La grille en fer forgée de la porte d’entrée est parée de deux paons faisant la roue. Au-dessus d’eux, une salamandre se prélasse sur une feuille de nénuphar. L’immeuble avenue Gambetta a de loin la façade la mieux travaillée de l’ensemble. Le fait qu’il ait appartenu à Bocage lui-même, ce qui n’était pas le cas des autres, y a peut-être joué pour quelque chose…
Immeuble Art nouveau VS bistrot Art Déco
L’immeuble est de style Art Nouveau, les paons étant d’ailleurs un motif récurrent dans les bâtiments du style. Petite piqûre de rappel, l’Art Nouveau est un mouvement artistique qui développe un esthétisme basé sur les lignes courbes. Le but visé était de rappeler la nature, en contraste à l’industrialisation grandissante. Les motifs végétaux prennent soudain leur sens. L’âge d’or du mouvement s’est étendu de fin 19ème à début 20ème, pile les années de François-Adolphe Bocage. L’un des pionniers français est Hector Guimard à qui l’on doit les bouches de métros parisiennes.
Art Nouveau dans les étages certes mais Art Déco au rez-de-chaussée avec le bistro Chantefable. Installé depuis plus d’un siècle à cette même adresse (anciennement appelé “Le Rallye Gambetta”), vous y trouverez des moulures restaurées au plafond, des miroirs d’après-guerre sur les murs, un bar d’époque en pierre et de la mosaïque au sol… Tout ce qui fait l’authenticité des bistrots parisiens d’antan.
Texte : Kim Dommergue
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