À l’angle de la rue Stendhal et de la rue des Pyrénées vous pourrez trouver un vieux bâtiment abandonné. Revenons sur le passé de ce lieu, que beaucoup côtoient sans pour autant connaître…
“Dispensaire Jouye-Rouve Taniès Maladie de poitrine” : voilà l’inscription que l’on peut lire sur la devanture en pierre meulière. Ce bâtiment fut érigé en 1902 par l’architecte et peintre Louis Bonnier, urbaniste de Paris, qui fut aussi l’architecte de la mairie d’Issy-les-Moulineaux (entre autres). Le lieu accueillait les malades atteints de la tuberculose qui pouvaient y rester jusqu’à 3 mois. À une époque où les traitements n’étaient encore qu’à leurs balbutiements, sanatoriums et dispensaires étaient fréquents pour tenter de guérir les malades tout en limitant la propagation.
À l’intérieur, hommes et femmes étaient séparés. La hauteur des fenêtres permettait une discrétion quant à ce qu’il se passait entre les murs, limitant les regards depuis la rue. Une buanderie, située au sous-sol, était nécessaire pour désinfecter le linge. D’autant plus en vue de la durée de séjour de certains patients. Le concierge était isolé à la pointe du terrain, là où les deux rues se rencontrent, afin de limiter ses contacts avec les tuberculeux. Un cloisonnement renforçait d’ailleurs cette séparation. Autre anecdote intéressante : le premier étage possède un plafond aux angles arrondis afin “d’éviter le séjour de poussières”, comme l’indique Louis Bonnier dans l’une de ses notices.
De la réhabilitation au bâtiment classé
Dans les années 90, la partie sud du bâtiment, côté Stendhal, fut réhabilité pour accueillir les locaux du CASVP : le Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris. Les salles de repos et réfectoires installés dans cette partie ont été réaménagés en bureaux. En 2011, la Commission du Vieux Paris étudiait un projet d’extension du centre à l’échelle de tout le bâtiment. Des travaux d’aménagement étaient prévus afin de transformer les anciennes salles notamment la conciergerie. Un ascenseur extérieur était aussi prévu dans le jardin.
Une proposition finalement rejetée par la Commission qui a émis le souhait que les restes du dispensaire soient classés monument historique pour que leur protection soit assurée. Depuis, le dispensaire est classé comme bâtiment protégé par le PLU (Plan d’Urbanisme de Paris) et inscrit sur la liste des PVP (Protections de la Ville de Paris). Dans les faits, cela signifie qu’il ne peut être détruit et que les armoiries de façade doivent être conservées.
Texte : Kim Dommergue
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