Parce qu’on sait que vous aimez ça autant que nous, on poursuit nos visites d’appartements à travers le 20e arrondissement. Celui du jour est situé rue Villiers de l’Isle Adam, dans le quartier Gambetta. C’est l’antre d’un écrivain singulier, Francois-G. Bussac, surnommé par ses amis “Le Capitaine” (des mots), pour sa passion de l’écriture et sa légère tendance à être autoritaire.
Né en 1946 à Londres, sous le nom de François-Georges Barbier-Wiesser, il est le fils d’un officier de marine parisien, parti rejoindre le Général de Gaulle, et d’une Alsacienne dont la famille s’est installée à Nice, en 1870, pour ne pas devenir allemande. Durant son enfance, il suit les affectations de son père devenu diplomate. De ses cinq à dix ans, il grandit à Washington, sous la présidence Eisenhower, puis à Monaco, avant que son père ne soit nommé directeur des affaires maritimes à Cherbourg.
Élève brillant, passé par Sciences Po Paris et Oxford, François va lui aussi faire carrière de par le monde. Il débute comme professeur en Casamance, dans le sud du Sénégal, avant de travailler pour le président Léopold Sédar Senghor, en tant que spécialiste de l’économie de l’éducation. Père de deux filles, et d’un garçon sénégalais qu’il a adopté, il officie ensuite dans la diplomatie culturelle, finissant Inspecteur générale des 400 bibliothèques françaises en Afrique et dans le monde, puis directeur des médiathèques françaises en Tunisie (un pays de cœur, où sa mère a un temps vécu).
C’est un peu avant son départ à la retraite, que ce grand amateur de lecture se lance dans l’écriture. L’exercice lui plaît : il en est aujourd’hui à son 31e livre. Sa famille et sa riche vie lui ont inspiré plusieurs romans : “Le siècle d’Augusta” a été écrit pour sa mère, “Le jardinier de Metlaoui” raconte son grand-père ou “Les mutins de la rue de la Chine”, une ode à la lecture. Édité en France (chez Orizons) et en Tunisie, il a également publié des nouvelles, des livres pour enfants, créé un groupe de lecture (les rencontres de la Chouette bleue) mais aussi une compagnie de lecture à voix haute (Les hautes voix du 20e arrondissement) que vous pouvez aller écouter au bistrot Les Chaises.
Installé depuis 20 ans dans cet appartement de la rue Villiers de l’Isle Adam, il aime à dire que c’est “un aimable tombeau, comme chez les anciens égyptiens, où on les enterrait avec leurs objets préférés”. Il y a des livres partout d’abord, même dans la cuisine, les toilettes ou la salle de bain. On découvre aussi de nombreux objets rapportés de ses pérégrinations à travers le monde. Parmi ses préférés : une peinture “pieuvre” de sa fille, la sculptrice, peintre et cantatrice Claire-Rose Barbier. Une peinture du 18e siècle, appelée “trumeau” car elle occupait l’espace entre deux fenêtres, et comprend un miroir. Ou encore une vitrine comprenant des objets symboliques des différentes religions : triptyque orthodoxe, chandelier juif à 7 branches, un petit Coran et statue d’un fétiche africain.
Le jour de notre visite, le capitaine est encore convalescent. Il a passé six semaines à l’hôpital Tenon, dont 10 jours en soins intensifs, entre la vie et la mort. Depuis, il voit chaque journée comme un bonus, “une épiphanie”, avec l’envie d’en profiter un maximum… et de ne rien s’interdire. Il adore “voisiner » au café Les Ours, au pied des 23 marches des escaliers de l’Isle-Adam. Il poursuit aussi l’enregistrement de vidéos sur Tik Tok pour encourager les jeunes à lire. Inscrit sur la plateforme en 2023 (“Booktok/Les lectures du Capitaine”), il y dispose d’une petite communauté. Il y lit à haute voix des extraits de ses romans, et de livres d’autres auteurs mal connus. Avec pour promesse : “Vous verrez combien c’est merveilleux de consacrer un peu de temps à vous seul pour la lecture”.
>> Pour en savoir plus sur ces ateliers et cours de de lecture à haute voix, vous pouvez le contacter par mail : fgbussac@yahoo.fr







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