Depuis le 18 janvier, la galerie Mémoire de l’Avenir présente “Itinéraire d’une entrée dans la course”, fruit du travail de Philémon Barbier, photographe membre du Collectif Hors Format aimant allier photo et documentaire. À travers ses photos, Philémon Barbier nous invite à un voyage, celui qu’Azedine, migrant tunisien, a entrepris pour arriver jusqu’en France.
Tout part d’une étude du Forum Vies Mobiles, “think tank” de la mobilité, en 2021 mettant en avant les conditions de travail très dégradées des livreurs à vélo travaillant pour des grandes plateformes comme Uber Eats ou Deliveroo. Cet emploi, qui était jusqu’à présent idéalisé et présenté comme un métier de liberté, n’est finalement plus perçu comme tel. La paye, la gestion déshumanisante, l’injonction à la vitesse : les livreurs sont exposés à une fatigue physique et une prise de risque considérable.
Les livreurs sont pour beaucoup des migrants. Souvent, l’interaction entre le livreur et le client est très courte. Ça a déjà dû vous arriver de commander à manger et d’à peine apercevoir le visage de votre livreur. Le Forum Vies Mobile a eu l’idée de “donner un visage à cette population”, explique Christophe Gay, co-directeur de l’institut. Ils ont donc cherché un photographe pour réaliser ce projet.
Sensible à cette cause, Philémon Barbier accepte le défi. Il a suivi Azedine pendant un an. Ce livreur de 30 ans a fait des études en Tunisie et a obtenu un diplôme, mais ne trouvant pas d’emploi, il a été contraint de quitter son pays et de laisser sa famille derrière lui. Azedine n’est pas le seul dans ce cas-là. Le photographe s’est basé sur son parcours pour comprendre pourquoi ces jeunes Tunisiens quittent leur pays. Il décide de revivre son voyage depuis la Tunisie jusqu’à Paris en passant par la Bosnie, la Serbie, la Hongrie, l’Autriche et l’Allemagne.
La quarantaine de photos exposées dans l’unique pièce de la galerie retrace le trajet d’Azedine de la Tunisie jusqu’à la France et racontent toutes les difficultés auxquelles il a été confronté. Des photos de sa famille, de sa mère et de son frère jumeau Omar, des photos dans les camps de migrants par lesquels Azedine est passé, ainsi que des photos de ses amis et d’Azedine livreur sont accrochées aux murs blancs du lieu d’exposition. Une belle exposition qui fait réfléchir.
>> À découvrir à la galerie Mémoire de l’Avenir jusqu’au 6 avril 2024. 45 rue Ramponeau. Du mardi au samedi de 11h à 19h.
Fanny Velay
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